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Chambres de commerce allemandes, et il alla travailler là-bas au rapprochement anglo-allemand, comme il avait travaillé au rapprochement anglo-français. Il nous apprend qu’avant d’accepter l’invitation, il avait consulté des amis français et s’était fait interviewer par deux de nos grands journaux afin de pressentir l’opinion sur cette visite. « En dehors, dit-il, du sentiment latent à l’égard des provinces perdues, il n’y avait à cette époque aucune hostilité des Français contre l’Allemagne. L’entente anglo-française, loin d’exciter des idées de revanche, avait exercé plutôt une sorte d’influence apaisante : les Français sentaient qu’elle avait diminué le danger d’un conflit avec l’Allemagne et, par conséquent, ils y pensaient moins. » Là-dessus, le monde entier, nous avons lieu de le croire, est fixé aujourd’hui. En Angleterre, au contraire, on traita, nous dit Sir Thomas Barclay, avec une dédaigneuse indifférence ce qu’il appelle « l’offre allemande d’amitié. » Ce n’est pas indifférence qu’il faut dire, mais clairvoyance, et nous n’avons plus besoin, hélas ! d’insister sur le danger des illusions qu’entretenait ce champion de la paix. L’entente anglo-française évolua selon la force des choses et dans le sens de sa véritable destinée : elle est aujourd’hui une alliance contre l’agression germanique. Mais Sir Thomas Barclay peut se consoler en pensant que, d’une manière qu’il n’avait pas prévue, elle travaille encore à la fin que lui assignait son rêve généreux, c’est-à-dire à la paix du monde.


FIRMIN ROZ.