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et pour la livraison d’un dock flottant de 32 000 tonneaux. Cette convention restera nécessairement lettre morte.

On a beaucoup travaillé, pendant la guerre des Balkans et depuis, aux fortifications des détroits, particulièrement du côté des Dardanelles. Il n’est pas probable que l’on puisse venir à bout de ces ouvrages par une attaque directe, que gêneraient d’ailleurs singulièrement les mines semées aux étranglemens favorables.

En revanche, la défense des points vulnérables de l’Empire, — et ces points sont nombreux, — n’a pas été sérieusement organisée. Tout au plus, peut-on faire exception pour les côtes du golfe de Smyrne où le gouvernement turc a fait, dans ces derniers temps, remuer beaucoup de terre. Mais les circonstances géographiques sont, dans ces parages, plutôt en faveur de l’attaque. Il est bien difficile, en effet, de défendre efficacement la presqu’île de Tchesmé, qui commande le golfe, surtout quand on ne dispose plus de l’ile de Chio.


La flotte russe de la Mer-Noire est, comme celle de la Baltique, en pleine réfection. A Nikolaïev (chantiers et usines de Nikolaïev, chantiers franco-russes, usines Nowsky-Nikolaïev), 3 dreadnoughts sont sur cale ou en achèvement à flot, avec 9 contre-torpilleurs et 6 sous-marins. 4 contre-torpilleurs et 3 sous-marins, lancés en 1913, seront sans doute bientôt prêts ; mais ce qui serait fort désirable, c’est que l’on pût disposer du beau cuirassé Impératrice-Marie, descendu de sa cale le 1er novembre 1913, il y a juste un an. C’est une unité de 23 000 tonnes, qui doit donner 21 nœuds de vitesse et qui, protégée par une armure de 225 mm. d’acier au fort, armera ses tourelles ou ses flancs de 12 canons de 305 mm., de 20 canons de 130 mm. et de 8 pièces légères. Un combat en règle entre l’Impératrice-Marie et le Gœben tournerait certainement, — à préparation égale, bien entendu, — contre le puissant croiseur cuirassé allemand, qui aurait, à la vérité, grâce à sa supériorité de vitesse, l’avantage de pouvoir se retirer quand il le jugerait à propos[1].

  1. Je rappelle ici les caractéristiques essentielles du Gœben et du Breslau : Gœben (1911) : 24 000 tonnes, 28 nœuds, 3 100 tonnes de charbon, 28 mm. de cuirasse au fort, 10 canons de 280 mm., 12 de 150 et 10 de 88 mm., 4 tubes sous-marins, 1 013 officiers et marins. — Breslau (1911) : 4 500 tonnes, 27 nœuds, 1 200 tonnes de charbon, 100 mm. à la ceinture, 12 canons de 105 mm. et 2 tubes sous-marins.