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Sur les 195 millions de tonnes extraites, il en était vendu 40 millions à l’étranger ; c’était une rentrée de 750 millions qui, sauf la portion expédiée en Suisse et en Autriche, disparaît. Or cette exportation, que l’État favorisait par des tarifs très bas sur les chemins de fer, était capitale pour maintenir les prix sur le marché intérieur.

D’autre part, si le charbon, âme de L’industrie allemande, la faisait vivre, il vivait aussi par elle : la sidérurgie absorbait 40 pour 100 de la production, d’autres industries se partageaient 22 millions de tonnes. Restent la clientèle domestique et celle des chemins de fer ou tramways qui, réunies, ne prennent pas plus de 25 pour 100 du total ; il est clair que les mines de houille se voient forcées de réduire leur exploitation dans une très large mesure ; dès le mois d’août, elle était tombée au tiers de la normale.

La métallurgie allemande qui, avec 18 millions de tonnes, avait atteint le second rang dans le monde, après les États-Unis, se fût trouvée, même avec la liberté des mers, fort entravée en temps de guerre par la seule difficulté des transports à l’intérieur, en raison de l’éloignement de ses deux centres de fabrication qui ne peuvent se passer l’un de l’autre : la Westphalie, qui a le coke, et la Lorraine qui a le minerai. Avec le coke fourni par la Westphalie, la Lorraine fabrique surtout de la fonte et des rails ; avec la fonte tirée de la Lorraine, la Westphalie fabrique plutôt de l’acier et des produits ouvrés. À ces deux régions, qui représentent ensemble 80 pour 100 de la production métallurgique, aussi bien qu’à la Sarre, la Hesse ou la Silésie, le minerai national ne suffisait pas. Elles en faisaient venir pour 250 millions d’Espagne, d’Algérie, de France, de Russie ; un grand syndicat allemand s’était même rendu acquéreur, au Brésil, dans l’État de Minas Geraes, d’importans terrains miniers. D’ailleurs, sur les 12 millions de tonnes de minerai que l’Empire allemand importait l’an dernier, 40 pour 100 étaient tirés de la Suède et le blocus actuel ne le priverait pas de cette cargaison.

Mais elle n’en aura nul besoin cette année, puisque sur ses 18 millions de tonnes de fer elle en exportait plus de 8 millions. Cette exportation se chiffrait, en argent, par un total de plus d’un milliard et demi de francs et s’appliquait, jusqu’à concurrence de 850 millions environ, à des machines de toute sorte :