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LA PRISE DE CONSTANTINOPLE PAR LES TURCS
EN 1453
D’APRÈS UN LIVRE RÉCENT

L’histoire se fait par les témoignages ; quand l’attestation écrite des contemporains s’anime par la vision directe des lieux, à peine défigurés par les siècles, où se sont dénouées les péripéties d’un des événemens capitaux de l’histoire humaine, il naît vraiment, de ce double témoignage, l’impression de cette « résurrection » dont a parlé Michelet : le récit s’illumine par l’aspect ; l’émotion jaillit de l’intensité de l’évocation. Cette émotion, nous l’avons éprouvée dernièrement en lisant, sur les vieux remparts de Constantinople, le livre récent de M. Gustave Schlumberger : Le siège, la prise et le sac de Constantinople par les Turcs en 1453 [1].

Du fond de la Corne d’Or jusqu’au château des Sept-Tours et à la Marmara, la vieille enceinte terrestre s’étend sans interruption sur près de sept kilomètres, et il n’est guère, dans cet incomparable décor du vieux Stamboul, d’excursion plus pittoresque et plus émouvante que d’en suivre les détours. Les Turcs, depuis la victoire, n’ont pas touché une pierre de la formidable muraille dont les assises remontent au Basileus Théodose II, et qui garde si fière allure, malgré les brèches et les lézardes qui racontent les scènes héroïques et terribles dont elle a été le théâtre. Témoins des temps passés, tours et remparts sont encore

  1. 1 vol. in-8 ; Plon.