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fallait absolument, pour assurer la pleine sécurité des transports. Mais, en fait, aucune tentative ne se produisit du côté de la flotte impériale. Outre que celle-ci avait été surprise par les événemens et qu’elle était descendue en toute hâte des fjords de Norvège, non pas dans la mer du Nord, mais dans la Baltique, où elle avait pris une position d’attente à l’ouvert du Kieler-bucht, elle se fermait à elle-même la route du pas de Calais en semant à profusion dans le sud de la mer du Nord et même jusque sur la ligne Pentland-Skager rack, les mines sous-marines qui ont provoqué la perte de l’Amphion et de paquebots assez nombreux déjà.

Et c’est ainsi que, pour des causes bien différentes, — en 1815 notre marine était complètement désorganisée, surtout dans le Nord, — l’armée anglaise qui s’est battue avec nous à Mons a pu prendre terre aussi aisément, aussi paisiblement, dans nos ports que celle qui débarqua, il y a quatre-vingt-dix-neuf ans, à Anvers et à Ostende pour se ranger, sous Wellington, aux côtés des Prussiens de Blücher. Ce n’est pas l’un des moins curieux rapprochemens que l’on puisse faire à ce sujet.


Draguer toute, ou à peu près toute la mer du Nord ! C’est à cette besogne ingrate, dangereuse, fort longue en tout cas, que s’emploie la marine anglaise depuis plus d’un mois.

On savait bien que les Allemands avaient l’intention — et les moyens — de faire un large usage des mines sous-marines dans le cas où ils seraient obligés de rester sur la défensive. On ne supposait pas, ne les connaissant jamais assez, qu’ils en mettraient partout, et jusque sur les routes commerciales où n’apparaît aucun intérêt stratégique. Il semble même qu’ils aient employé les mines dérivantes, flottantes, libres enfin, sans s’assurer que ces engins présentassent les garanties exigées par les conventions internationales. Nul doute que la navigation dans la Mer du Nord et dans les mers immédiatement voisines n’offre de sérieux périls pendant une longue période de temps après la cessation des hostilités.

En attendant, les Anglais se sont mis résolument, méthodiquement, à la besogne, non seulement avec leurs 12 dragueurs de mines réguliers (6 anciens chalutiers de 550 tonnes achetés par l’amirauté et les anciens avisos torpilleurs), mais avec un nombre considérable de dragueurs improvisés, qui ne sont autres que les chalutiers à vapeur ou à moteur à combustion interne des