Page:Revue des Deux Mondes - 1914 - tome 20.djvu/776

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Gautier dans le Moniteur universel, soit à propos de l’irrévérencieuse et fine gaité avec laquelle le jeune Edmond About distribuait les bons et les mauvais points à ses camarades et leurs maîtres, dans son Voyage à travers l’Exposition des Beaux-Arts. C’est aussi en 1855 que l’inquiétude dans les milieux industriels et commerçans devint plus sérieuse et pressante. Les nations étrangères, instruites par la terrible consultation de 1851, s’étaient déjà mises en devoir de réparer le temps perdu. Pour reconstituer sur des bases durables l’alliance des Arts et des Industries, trop longtemps interrompue, c’étaient, de toutes parts, des rappels aux traditions indigènes par des expositions comparatives entre le passé et le présent, par des études et des projets pour une réorganisation et une propagation de l’enseignement du dessin dans les classes laborieuses.

L’Angleterre, naturellement, éclairée la première sur place, avait la première donné le signal, avec l’esprit de suite et de prévoyance qui assure chez elle le développement et la longévité des institutions. Le musée de South-Kensington, dont un vaste plan d’ensemble assurait la grandeur future, avait déjà ouvert ses premières salles d’expositions permanentes ou temporaires, conférences, bibliothèques, confection et prêts de modèles ; et l’industrie de la Grande-Bretagne, ravivée encore et surexcitée par les prédications de Ruskin et des Préraphaélites, allait rapidement en profiter. En Autriche, même réveil, même ferveur. Dès 1852, le musée d’Art et d’Industrie à Vienne, annexe à ses expositions d’art ancien, des ateliers reproducteurs de bons modèles par le moulage et la photographie, un art encore nouveau alors et tâtonnant. On sait combien, depuis ce temps, en Autriche, en Hongrie, en Allemagne, dans presque toutes les villes, à tous les degrés, s’est répandu l’enseignement pratique des arts appliqués à l’industrie, autant, le plus souvent, par l’initiative, les concours, la collaboration des associations professionnelles et des protecteurs particuliers que par ceux de l’État et des municipalités. Les rapports officiels adresses à nos ministres, en 1885, par M. Marins Vachon, et en 1890, par M. Saglio, avaient déjà de quoi nous édifier à ce sujet. La situation relative, dans ces divers pays, ne semble pas s’y être modifiée depuis vingt ans à notre avantage.

Il est certain, toutefois, que le Gouvernement impérial avait fait un effort utile pour conjurer le danger en renouvelant à