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rattachent à la vie des plantes, à celle des animaux, aux matières fertilisantes ?...

Nous le répétons, l’expérience seule permettra de se prononcer.

L’instruction ainsi assurée et mise à la portée de tous les habitans des campagnes contribuera-t-elle à les retenir aux champs, à leur inspirer le goût, et en quelque sorte l’amour, des occupations agricoles ? Les auteurs du projet ont évidemment conçu cet espoir, mais nous croyons qu’on se ferait les plus graves illusions en le conservant ! Non, l’exode rural ne sera pas pour cela limité parce qu’il est momentanément la conséquence, et comme la résultante, de désirs, d’illusions, de préjugés et d’intérêts que la diffusion de l’instruction agricole peut combattre, mais dont elle ne saurait triompher brusquement. Nous avons dit ici même, avec une conviction réfléchie [1], que l’exode rural avait, en outre, pour cause principale le développement continu, mais de plus en plus rapide, du bien-être et de la richesse dans les campagnes elles-mêmes. Pour produire ce que la population agricole réclame désormais et ce qu’elle paye avec ses denrées, il faut que l’industrie se développe et emploie plus de bras, en dépit des progrès du machinisme.

Cet appel constant d’activités productives dans l’industrie, dans le commerce, dans l’industrie des transports, est, en ce moment, une nécessité économique contre laquelle nous ne pouvons pas lutter avec succès. En France, comme à l’étranger où le même mouvement s’observe, les hommes des champs veulent bénéficier des hauts salaires que l’agriculture ne donne pas encore et que les autres industries accordent pour attirer les auxiliaires qu’elles réclament.

Les œuvres d’enseignement agricole peuvent-elles exercer une influence sur les salaires ruraux ? Nous ne le pensons pas. Le développement lucratif de la production qui fera seul monter le taux de la main-d’œuvre, dépend à la fois de l’abondance des capitaux de culture et de l’habileté des chefs d’exploitations rurales. Or, il s’agit de retenir dans les campagnes l’ouvrier rural, — et lui seul, — car le nombre des exploitans, fermiers, métayers, ou petits propriétaires, augmente au lieu de décroître...

L’enseignement post-scolaire est une création. Le projet de

  1. Voyez noire article du 1er octobre 1912.