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rendre des décrets qui sauvent la République et qui purgent la Convention de tous les lâches intrigans. »

Le 5, il demandait, à la Convention, que le tribunal révolutionnaire entrât en activité, pour éviter « les scènes sanglantes qu’amènerait la vengeance populaire. » Sans doute, il exprimait encore des regrets amers qu’on n’eût pu s’unir puisque, l’Europe les menaçant, « il faudrait périr tous ou tous sauver la République. » Mais il avait condamné dans son esprit les Girondins sinon à la mort, du moins à l’expulsion. « Qu’ils s’en aillent, disait-il à ses confidens, et nous laissent travailler. »

Il travaillait en effet. Le Comité de salut public, institué le 25 mars, avait, le 6 avril, été reconstitué et on en avait éliminé la Gironde : Danton y parut vite le maître. C’était bien le Comité Danton qui, jusqu’à ce que lui succède en juillet le Comité Robespierre, va gérer les affaires de la façon que je dirai tout à l’heure.

Retenons simplement que sa constitution avait été pour la Gironde un effrayant échec. Elle crut prendre sa revanche : le 12 avril, elle parvint à faire déférer Marat devant le Tribunal en dépit des avertissemens menaçans de Danton qui, le 24, se réalisaient. Marat acquitté rentrait, ce jour-là, en triomphe à la Convention. Danton, décidément reconquis par la Montagne, célébra ce jour de fête où un député inculpé était rétabli dans le « sein de la Convention. » La Gironde, assommée par l’événement, était maintenant exposée aux plus terribles malheurs.

La Commune préparait contre elle une journée. Comme il lui fallait un général, elle en nomma un fort illégalement. La Gironde répondit à cette audacieuse innovation en demandant qu’on cassât l’assemblée de l’Hôtel de Ville et, une commission d’enquête ayant été nommée, composée de douze membres, la Droite parvint à l’investir le 24. Elle décida l’arrestation d’Hébert, boute-en-train du mouvement. Quand, le 27, la menace à la bouche, une délégation de la Commune vint réclamer la mise en liberté d’Hébert, son procureur, Isnard, qui présidait écrasa de son indignation non seulement la Commune, mais Paris tout entier, menacé de « destruction totale, s’il osait rien entreprendre contre la Convention. »

Danton avait eu, dans ces jours de conflit, l’attitude qu’on pouvait attendre. Il s’était, le 24, opposé aux mesures proposées par la Commission des Douze : on calomniait Paris, il fallait élire