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Ne leur soyons pas sévères. Les images dont elles sont ornées ne sont pas toujours des modèles de bon goût : les couleurs ont une tendance fâcheuse à sortir des limites qui leur sont légitimement assignées ; le rouge d’un habit déborde sur le vert cru d’un paysage ; les personnages ont l’air d’avoir deux têtes mal juxtaposées, l’une dessinée et l’autre peinte. Il est certain aussi que les légendes qui accompagnent ces illustrations laissent parfois à désirer ; que les histoires pour rire ne sont pas toujours drôles ; que certains articles montrent plus de bonne volonté que de talent. Mais quoi ? Ce sont là journaux à bon marché ; leur clientèle n’a pas la bourse bien garnie, et il faut qu’ils la satisfassent à raison de 2 fr. 50 par an. « Étant donné la proximité des vacances, nous annonçons que nous avons ouvert, suivant notre habitude, l’abonnement économique d’été, pour les mois de juillet, août et septembre, au prix de 30 centimes. » N’est-ce pas admirable ? Ne songeons pas toujours aux petits bourgeois, à ceux qui achètent tous les livres qu’ils veulent. Les enfans du peuple n’achètent pas de livres ; les livres sont trop chers ; déjà l’arithmétique, la grammaire et l’histoire qu’on doit se procurer pour aller à l’école, représentent une grosse dépense. Le journal, au contraire, pénètre partout. Si humble qu’il soit, quand il ne donnerait que le goût de lire, il ne serait pas sans utilité. Pour peu qu’il reproduise des aspects de la réalité, ou qu’il s’intéresse aux événemens de la vie nationale, à propos des anniversaires et des fêtes, il instruit. Il apporte chaque semaine un fragment de la belle histoire qui enchante et qui console. Par les concours qu’il ouvre, les collaborations qu’il sollicite, la correspondance qu’il favorise entre les petits abonnés, il fait œuvre sociale. Il passe souvent des mains de l’enfant à celles des parens, qui n’ont pas eu le loisir de pousser très loin leur éducation, et dont l’âme simple goûterait mal une littérature plus compliquée. Il constitue, dans un pays qui manifeste la très ferme volonté de s’instruire, un organisme tout prêt, très populaire et très pratique, pour l’instruction.

Aussi, lorsque nous voyons les efforts accomplis pour durer par ces revues en miniature, souhaitons-leur bon succès. Applaudissons les premières prouesses intellectuelles dont « la palestre des jeunes lecteurs, » suivant leur expression, est