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caractéristique. Ces dégagemens gazeux ont minéralisé et métallisé des assises sédimentaires et le test des fossiles que ces couches contiennent, tout en conservant tous ses détails zoologiques, est passé de la nature calcaire qu’il avait d’abord, à celle de certains minerais de fer admirablement cristallisés. Il en reproduit tous les caractères et spécialement ceux qu’ils présentent, par exemple, dans le gisement, célèbre depuis des siècles, qu’on exploite dans l’île d’Elbe et dont l’origine volcanique ne fait de doute pour personne.

En remontant le cours des temps, nous reconnaissons dans l’épaisseur des terrains primaires, et spécialement aux horizons dits permien et carbonifère, des témoignages gigantesques de l’activité volcanique. Ces assises sont recoupées d’innombrables filons, ou dykes, de roches proprement volcaniques et spécialement de porphyres, comme dans le Morvan.

Des preuves plus directes encore surgissent dans les assises de matériaux volcaniques associés à des roches, parfaitement réglées et concordantes, de terrains sédimentaires, dont l’âge ne fait aucun doute. Ce sont les lits de cinérites ou matériaux comparables à la cendre des volcans et qui, parfois, se sont stratifiés dans le fond de quelques lacs en association intime avec les couches de vases, de sables et de débris végétaux maintenant transformés en houille entre lesquels ils font des liens, suivant l’expression si exacte des mineurs de Saint-Etienne. Nulle manière de comprendre l’origine de ces assises, longtemps méconnues, si l’on refuse d’y voir la preuve de volcans à cratères travaillant déjà au temps primaire, comme le Vésuve et l’Etna travaillent aujourd’hui.

C’est donc sur un sol en très grande partie remanié par les éruptions, recoupé de leurs dykes, enrichi de leurs cendres, métamorphosé par les effluves calorifiques dégagés de leurs matériaux, — qu’à un moment encore très proche de nous les cratères, qui donnent aux paysages d’Auvergne, du Velay, du Vivarais, un aspect si caractéristique, se sont établis et ont fourni les étapes d’une longue carrière montrant encore un reste d’activité.

Mais comment ne pas voir quelque chose de providentiel dans cette disposition qui nous montre, à côté de l’appareil géologique actuel, — océan, volcan, glacier ou autre, en pleine activité et dont l’intimité est en conséquence inabordable, — des vestiges d’appareils identiques, mais d’âges très inégaux, hors de service,