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témoin, — d’entretenir les églises d’un caractère artistique et historique, et maintenant vous passez cette charge aux hommes de bonne volonté que vous invitez à venir spontanément mettre de l’argent dans ces caisses ! Vous, Etat, jusqu’à cette heure vous déclariez vous charger d’entretenir nos monumens d’un caractère historique et artistique, et maintenant vous faites appel aux gens de bonne volonté, parlons net, vous faites appel aux catholiques et vous leur dites : Donnez-moi donc votre argent pour que j’entretienne, non seulement ces belles églises que j’avais pris l’engagement d’entretenir à moi seul, mais aussi toute espèce de monumens d’un caractère historique et archéologique, y compris les fouilles. Je vous demande si c’est un procédé correct, conforme à vos engagemens et si vous pouvez espérer qu’en manquant ainsi à votre parole, vous allez avoir un grand afflux d’argent dans votre caisse ?

M. FERDINAND BUISSON. — Pourquoi pas ?

M. MAURICE BARRÈS. — Jusqu’à cette heure, M. Augagneur et vingt personnes opposées à ma thèse avaient dit, au cours de nos discussions, que les églises d’un caractère artistique et historique seraient entretenues.

M. LE MINISTRE DES FINANCES et M. LE SOUS-SECRETAIRE D’ETAT DE L’INTERIEUR. — Il n’y a rien de changé.

M. MAURICE BARRÈS. — Pardon, aujourd’hui vous dites : Nous ne les entretenons plus à nous seuls ; nous faisons appel à l’argent des catholiques. Et bien plus, cet argent des catholiques, vous ne le réservez pas aux églises d’un caractère archéologique et historique, mais vous entendez le distribuer sur l’ensemble des monumens.

M. LE MINISTRE DES FINANCES. — Monsieur Barrès, le texte même de l’amendement de M. Landry comprend un paragraphe ainsi conçu : « Les dons, legs ou souscriptions peuvent être affectés par leurs auteurs à un objet spécial. »

M. MAURICE BARRÈS. — Monsieur le ministre, il m’est impossible de tout dire à la fois.

M. LE MINISTRE DES FINANCES. — Je m’excuse de vous avoir interrompu.

M. MAURICE BARRÈS. — J’ai commencé par vous dire que vous offrez aux églises de France des porte-monnaie vides. Je me demande ensuite si vous aurez quelque chose dans ces porte-monnaie et je suis en train d’énumérer les raisons pour