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M. CHARLES BEAUQUIER. — Des églises rurales intéressantes au point de vue archéologique ou architectural.

M. MAURICE BARRÈS. — Monsieur Beauquier, je désire vraiment ne soulever dans cette discussion aucune difficulté ; mais c’est bien de toutes les églises rurales que votre ligue, par la plume de son vice-président M. Auge de Lassus, demande le salut. Au reste, je ne prétends pas disposer de votre pensée et je prends acte que l’article dont je parle paraît ne pas traduire exactement votre sentiment propre.

Ainsi, sur tous les bancs, dans tous les partis, nous nous entendons pour poser le problème dans toute son ampleur. Aujourd’hui, nous ne discutons plus pour savoir s’il faut sauver les églises de France, mais seulement pour savoir comment on les sauvera. Eh bien ! je dois le dire très nettement, je ne peux pas m’associer aux moyens proposés par MM. Landry, Honnorat et leurs collègues.

Ici, Messieurs, une réflexion de méthode ; la situation est assez délicate et me déconcerte un peu ; je me trouve avoir à exposer non pas simplement ma pensée propre, comme je le croyais, mais d’abord la pensée de MM. Landry, et Honnorat que je désire contredire. (Très bien ! très bien ! ) Cette procédure, qui peut être réglementaire, ne laisse pas d’offrir de grandes difficultés ; elle m’expose à dénaturer leur pensée. Je vais tout faire pour y échapper. (Applaudissemens sur divers bancs, au centre et à droite.)

Examinons leur papier. Tout d’abord, une chose m’inquiète. Ces messieurs ne veulent entreprendre leur sauvetage qu’en 1914. Pourquoi ? Quelle raison d’attendre si longtemps pour une œuvre que, par ailleurs, ils déclarent urgente ? D’ici 1914, c’est encore des mois bien durs qui vont tomber sur nos églises en péril ! Enfin, transportons-nous en 1914, et voyons ce que nos collègues nous proposent ?

Nous sommes en 1914. Vous ouvrez deux caisses : une première caisse destinée à venir au secours des monumens classés, c’est-à-dire au secours de toutes les espèces de monumens ou de ruines artistiques, historiques, qu’ils soient religieux ou gallo-romains, voire, nous dit-on, pour subventionner des fouilles archéologiques ; une seconde caisse destinée à venir au secours du troupeau, de la grande foule des monumens, mairies, abreuvoirs, écoles, halles et des églises que vous jugez indignes d’être classées.