Page:Revue des Deux Mondes - 1914 - tome 19.djvu/179

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’opération de la Sambre et de la Meuse, l’Empereur eût pu garder l’espoir de conserver la Belgique[1]. »

Après avoir évacué Bruxelles le 1er février avec la division Barrois et une partie de sa cavalerie, Maison, se couvrant de la Senne, alla prendre position le même jour à Tubize, laissant son avant-garde à Hal et poussant le 12e voltigeurs sur la route de Mous jusqu’à Soignies. En même temps, Castex, qui, la veille, s’était porté vers Nivelles avec les lanciers et un bataillon de douaniers, ayant appris chemin faisant que l’ennemi occupait en forces cette localité, s’était replié sur Ronquières. Afin de mieux protéger les derrières du 1er corps, Maison prescrivit à cet officier général de s’établir sur le plateau d’Henripont, tout en laissant dans le vallon de Ronquières un détachement chargé d’y surveiller le débouché de Nivelles sur Braine-le-Comte. Pour faire face aux 10 000 hommes que Bulow réunissait à Bruxelles, pour contenir les troupes de Wintzingerode, qui coulaient sur sa droite et déjà la débordaient, Maison disposait tout au plus de 5 500 hommes. En effet, sans tenir compte du bataillon de douaniers qui devait aller bientôt s’enfermer dans Maubeuge, Maison n’avait, à Tubize et aux environs de cette ville, que les quatre régimens d’infanterie de la division Barrois, avec un bataillon du 72e de ligne, la division de cavalerie Castex, et l’artillerie de ces deux divisions, soit ensemble 4 133 baïonnettes, 800 sabres et 20 bouches à feu.

Tant que les troupes de Wintzingerode n’entreprendraient rien de Namur sur Mons, Maison pouvait espérer qu’elles filaient toutes sur les Ardennes. Cet espoir fut promptement déçu, car le général Penne, établi depuis peu à Mons avec les 700 hommes qu’il était parvenu à extraire des dépôts, fut attaqué, le 3 février, par un millier de cavaliers. Bon nombre parmi les jeunes soldats de Penne ne savaient point charger leurs armes, et pourtant, durant toute une journée, ils tinrent tête à l’ennemi qui se retira sur Saint-Symphorien. Craignant d’avoir prochainement sur les bras un détachement d’infanterie alliée, dont la présence à Binche lui était signalée, Penne demanda aussitôt du secours à Maison qui lui expédia de Soignies le 12e voltigeurs avec 4 pièces, 100 cavaliers et 200 douaniers. Le général en chef prescrivait à Penne d’attaquer l’ennemi qui

  1. Maison au ministre, 31 janvier 1814. — Archives historiques de la Guerre.