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à punir et à faire des exemples dont le souvenir deviendrait, dans des temps plus prospères, un obstacle au rétablissement de la domination française. Maison prescrivit donc au général Chambarlhac commandant la 24e division militaire d’emmener à Tournai, pour y garder le passage de l’Escaut et pour s’éclairer sur Gand, les détachemens d’infanterie que cet officier général avait sous ses ordres avec un détachement de gardes d’honneur. Le lendemain, 1er février, le général en chef évacua Bruxelles, pour effectuer sa retraite dans la direction de Mons.

L’arrière-garde de nos troupes venait de quitter cette ville quand les premiers cosaques y pénétrèrent par la porte de Louvain. Les Prussiens arrivèrent dans la soirée et prirent aussitôt possession de tous les postes occupés par la garde bourgeoise, qui leur prêta son concours pour assurer le maintien de l’ordre. Bulow réunissait ainsi 10 000 hommes à Bruxelles, pendant que le reste de son armée se répandait dans la Flandre. Le prince d’Orange, le duc de Saxe-Weimar et le général de Bulow qui, de Bréda, s’étaient d’abord rendus à Lierre, firent leur entrée solennelle à Bruxelles le 8 février. La population les acclama à leur passage et, tandis que les cloches sonnaient joyeusement, la garde bourgeoise, qui s’était portée à leur rencontre, les conduisit à l’hôtel de la préfecture, où ils établirent leur résidence.

D’autre part, Wintzingerode, arrivant de sa personne à Namur, le 2 février, y avait été reçu avec un enthousiasme tel que le maire de cette ville faillit être victime de la populace et ne dut son salut qu’au général ennemi. A Charleroi, à Fleurus, les troupes alliées furent accueillies avec des transports d’allégresse. La ville haute de Charleroi illumina. Dans le comté de Namur, dans le Hainaut, des bandes armées prirent les armes pour ne point fournir les approvisionnemens et ne point payer les contributions à l’administration française[1].

Il ne restait plus de temps à perdre pour compléter l’armement des places du Nord, ainsi que Maison l’avait réclamé à diverses reprises. Si les garnisons de ces places restaient incomplètes, Maison se proposait bien, lorsqu’il ne pourrait plus tenir la campagne, de répartir ses troupes entre Condé, Valenciennes

  1. Maison au ministre, 2 février 1814. — Archives historiques de la Guerre.