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REVUE DRAMATIQUE


Comédie-Française : Sophonisbe, tragédie en quatre actes en vers, par M. Alfred Poizat. — Renaissance : Les Roses rouges, comédie en trois actes par M. Romain Coolus. — Gymnase : Les Requins, pièce en trois actes, par M. Dario Niccodemi. — Théâtre-Antoine : Hamlet de W. Shakspeare. Traduction de M. Georges Duval.


La Comédie-Française est rentrée chez elle. Elle a repris possession d’une salle restaurée, rajeunie, et brillamment décorée. Avant toutes choses, nous avons été conviés à admirer le nouveau plafond, dû à M. Albert Besnard. Nous l’avons admiré, en effet. C’est, autant que mon incompétence peut en juger, une très belle œuvre, somptueuse, d’une large et libre exécution, dans le meilleur goût vénitien. Elle a été, ici même, décrite et appréciée. Pour en dire un mot à mon tour, je me place au point de vue non de la critique d’art, mais de la critique dramatique. Puisqu’elle planera au-dessus des représentations futures, et que maintes fois, de la salle ou de la scène, les yeux se reporteront vers elle, je voudrais qu’il s’en dégageât pour les auteurs, pour les artistes et pour le public, une leçon qu’il me semble y lire assez nettement. La composition est faite de deux parties qui s’équilibrent. L’une d’elles est claire, gaie, rayonnante, éclatante : on y voit Apollon qui conduit le chœur des Muses. C’est donc que nous sommes dans la maison de la poésie, ou du moins de la littérature. Une pièce de théâtre, même pourvue avec abondance de toutes les qualités qui sont proprement « de théâtre, » peut n’avoir aucun caractère littéraire : qu’elle aille fournir ailleurs son heureuse et fructueuse carrière ! C’est à bon droit qu’on dit de certaines pièces, même très bien faites, qu’elles n’ont pas leur place à la Comédie-Française, et qu’elles n’en doivent pas franchir le seuil. Et nous sommes dans la maison