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Mais peu à peu ce fut la lumière mourante,
Puis cet instant fatal qui vint nous désunir.
Elle devait mourir aussi, l’heure enivrante ;
Elle n’est déjà plus qu’un lointain souvenir,

Souvenir qui s’efface et dont, un jour, on tremble
De réveiller le charme éphémère et secret.
De peur qu’à sa douceur évanouie il semble
N’être plus qu’un mélancolique et vain regret !


MENSONGES


Comment, puisque aujourd’hui ton cœur n’est plus à moi.
Ton doux regard est-il encor resté le même ?
Ce regard où, parfois, j’avais vu tant d’émoi
Qu’alors je me disais : pour toujours elle m’aime !

Comment peux-tu m’offrir ta lèvre ? Son baiser
Ne serait que le plus troublant de ses mensonges ;
Ce baiser qui, jadis, sut toujours apaiser
La folie enivrante où s’exaltaient mes songes !

Pourquoi m’avoir montré le mirage divin
De ce bonheur d’amour, entrevu sur ma route ?
Vain rêve qu’un bonheur d’amour ! O rêve vain.
Dont le réveil amer et fatal est le doute !

Le doute plus cruel même que le remords.
Car, avec l’avenir, c’est le passé qu’il tue.
Dis-moi, le souvenir de tous nos bonheurs morts,
Est-ce un mensonge encore et qui se perpétue ?


AU DÉTOUR DE L’ALLÉE


O toi, qui brusquement disparus de ma vie.
Sans me dire un seul mot, sans me tendre tes bras,
J’ai trop ému jadis ton âme, alors ravie.
Un soir, vers ton amour brisé tu reviendras.