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allure plus active, organise des cours pour les élèves-instituteurs, prépare des manuels primaires, rassemble des informations sur la distribution de l’enseignement populaire à l’étranger. En 1912, une direction générale de l’enseignement primaire est créée à Madrid, près le ministère de l’Instruction publique ; le premier titulaire, don Rafaël Altamira, est un ancien professeur d’Oviédo, où il s’était dévoué à l’extension universitaire ; il s’attache à recruter et à former de bons maîtres, à leur distribuer des livres classiques à la fois instructifs, respectueux de toutes les croyances et pénétrés du sens des originalités de l’Espagne. Vingt millions sont demandés en 1913 pour la création d’écoles et d’emplois d’instituteurs. A un degré supérieur, la Junta para ampliacion de Estudios è investigaciones cientificas, fondée en 1907, recherche et encourage les vocations scientifiques, administre une caisse des missions d’études ; elle est actuellement présidée par le professeur Ramon y Cajal. On ne saurait, enfin, détacher de cet ensemble l’Institut des Réformes sociales, agrandissement de l’Office du Travail que Canalejas avait préparé en 1902 et qui fut mis en train, peu de temps après, par le ministère conservateur de M. Silvela ; par son personnel directeur aussi bien que par ses méthodes, l’Institut tient étroitement aux fondations récentes de la pédagogie espagnole.


De toutes ces nouveautés se dégage un programme d’éducation véritablement national. Déjà, depuis les origines de la monarchie alphonsiste, la liberté d’opinion est absolue, en Espagne, dans l’enseignement supérieur. Nous avons connu un doyen de Faculté de droit, mort en 1909, qui était le représentant officiel de don Carlos aux Cortès ; certain recteur, dont la verve endiablée n’épargne ni les archéologues restaurateurs ni les attardés de la politique, ne cache à personne ses sentimens républicains, sauf à s’acquitter très exactement des fonctions administratives que lui a confiées la monarchie. Le Roi, lors d’une crise ministérielle récente, n’a pas hésité à recueillir les avis de quelques personnalités du parti républicain. Ces entretiens ne sont pas moins honorables pour les appelés que pour le souverain lui-même. Quelques jours plus tard, Alphonse XIII allait visiter les nouveaux locaux du journal El Imparcial, où l’on est, à l’égard de la royauté et des ministres du Roi, toujours correct, mais souvent porté à la critique. Ces manifestations