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n’avaient pas encore le canon de cavalerie dont l’adoption a été décidée en 1912. Il y a là un retard difficile à justifier, car, de l’avis unanime, le matériel de soixante-quinze des batteries montées est trop lourd pour l’arme à cheval.

Les chefs de parti mis à part, on s’est généralement accordé à trouver que, dans les manœuvres d’armée de 1913, le commandement ne s’était pas, en toute circonstance, révélé comme parfaitement à la hauteur de ses obligations. Il faut bien dire qu’il est d’un exercice particulièrement délicat dans la région qui s’étend du Rhône à l’Atlantique. Tous ces pays ne connaissent que par ouï-dire les souffrances de l’invasion ; ils sont plus en proie qu’aucune autre partie de la France aux dangereux sophismes du pacifisme, du socialisme et de l’anarchie. La faiblesse ou l’insouciance des ministres a parfois permis à des corps d’officiers de se recruter surtout dans les alentours de leur garnison. Les milieux ainsi constitués sont très accessibles aux influences locales ; tel régiment stationné depuis des années dans la même ville tend peu à peu à y devenir une sorte de garde nationale, où l’esprit militaire fait aisément défaut. On ne l’a que trop vu en 1907, lors des troubles du Midi.

Il faudrait donc, pour les corps de cette région, plus encore que dans le reste de la France, s’attacher avec un soin particulier à la constitution des cadres. Il faudrait en bannir impitoyablement les non-valeurs. Combien de fois n’a-t-on pas répété que le soldat français, bien conduit, est capable des plus grandes choses ? Mal encadré, il devient comparable aux troupes les plus médiocres.

Le commandant de Thomasson écrivait dernièrement dans les Débats : « Il est indéniable que les manœuvres de 1913 appellent, non pas des hécatombes, mais quelques sanctions. » Nous souscrivons volontiers à cette appréciation.


GENERAL PALAT.