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et d’artillerie se laissaient surprendre dans des conditions inexcusables. De même on voyait l’infanterie livrer des assauts prématurés, marcher sans tenir compte de l’effet du feu, sans profiter des couverts, des cheminemens défilés, sans se relier aux troupes voisines et aux échelons en arrière. Parfois les lignes du combat chevauchaient l’une sur l’autre ; en d’autres cas, il se pratiquait de larges brèches entre deux unités accolées. Il faut bien dire que beaucoup de régimens d’infanterie, de par la nature du pays autour de leur garnison, ne peuvent recevoir aucune instruction sérieuse en vue du combat. Les camps d’instruction sont trop peu nombreux pour qu’ils y séjournent tous les ans, même un temps très court. Ils partent donc pour les manœuvres avec le léger bagage d’instruction acquis sur les terrains d’exercice ou sur les routes. Le résultat ne peut être que très peu brillant.

Ajoutons, en revanche, que les marches de nuit ont été exécutées avec beaucoup d’ordre et de régularité, en dépit des lourdes fatigues que certaines entraînaient. On a pu citer comme un modèle la marche des 16e et 17e corps dans la nuit du 15 au 16 septembre. Enfin on n’a signalé nulle part aucun acte d’indiscipline.

De la cavalerie on a dit peu de chose en 1913, peut-être parce que le terrain se prêtait mal à son emploi. Toutefois, la cavalerie de corps a paru souvent « se coller » trop volontiers à son infanterie. En règle générale, les escadrons marchaient « à la bonne franquette, » suivant l’expression du général Maitrot, sans toujours se couvrir, même quand les circonstances l’eussent exigé. En dépit du service de deux ans, ils faisaient bonne impression au point de vue équestre. La remonte de certains régimens du Midi, celle des dragons de Montauban par exemple, est remarquable.

L’artillerie montée a, moins que toute autre arme, souffert des conséquences de la loi de deux ans. On a pu regretter la suppression des batteries à cheval dans les artilleries de corps. Quand le général Pau jugea nécessaire d’attacher de l’artillerie à sa brigade provisoire de cavalerie, il dut recourir à deux batteries de la division coloniale, lesquelles étaient attelées par des mulets. On voit mal ces batteries montées suivre la brigade aux grandes allures.

On a fait remarquer avec raison que nos batteries à cheval