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marche bien, mais s’intéresse peu à la manœuvre. Il est figurant plutôt qu’acteur et attend impatiemment la fin de la pièce. A son exemple, les cadres inférieurs se laissent aller. Le service de deux ans a produit son effet sur les uns et les autres. A quoi bon s’épuiser pour obtenir des résultats insignifians, avec des soldats qui ne font que passer dans les rangs ? Peut-être cette opinion est-elle pessimiste. Le service de deux ans a certes produit de fâcheux résultats dans le Midi comme ailleurs, mais il n’est pas la cause dominante de certaines défectuosités qu’on peut observer dans les troupes qui en proviennent.

Dans des manœuvres antérieures, on avait pu reprocher aux troupes coloniales leur débraillé, leur peu d’aptitude à la marche et même une certaine tendance à l’indiscipline. Cette année, il ne parait pas qu’il y ait rien eu à dire sous ce rapport. Le général Maitrot souligne même la vigueur et l’entrain des marsouins par comparaison avec l’infanterie de ligne.

L’un des points saillans qui ressortent des manœuvres est la faiblesse des effectifs. Alors que, dans d’autres régions, la compagnie d’infanterie atteint parfois 150 hommes et au delà, elle était souvent inférieure à 110 hommes, les réservistes compris. Il y a là un fait qui appelle la plus sérieuse attention et qui tient à deux ordres de faits, tous deux imputables au commandement. Certains chefs de corps ont enflé le nombre des malingres laissés au dépôt, afin de réduire la proportion des évacuations, d’après laquelle on juge souvent de l’entraînement des troupes. D’autre part, le chiffre des dispenses et des sursis est sans doute très considérable pour les réservistes du Midi, et cela pour des raisons particulières. Chacun sait que, dans cette région, la politique dite électorale sévit plus qu’ailleurs : le grand mobile de tous ceux qui ont une part quelconque à la direction des affaires publiques est le désir de capter ou de conserver l’électeur. Celui-ci ne se fait aucun scrupule de solliciter un sursis ou une dispense, sans tenir compte des règles précises qui devraient présider à leur délivrance. L’appui d’un politicien quelconque amène trop souvent le chef de corps à capituler, par crainte de complications dans lesquelles il n’aurait pas le dernier mot. Les intérêts de l’armée et ceux de la nation en souffrent, mais l’électeur est satisfait, seul résultat visé.

Les observateurs ont pu noter de nombreuses fautes d’exécution imputables aux troupes. De grosses fractions de cavalerie