Page:Revue des Deux Mondes - 1913 - tome 17.djvu/80

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mais tu tousses, mais tu geins, mais tu t’embêtes. — Imbéciles, je geins et je tousse ; mais si je m’en arrange ? Je m’embête, c’est-à-dire vous voulez m’embêter et vous y parvenez quelquefois, parce que je ne puis toujours m’empêcher de vous voir, mais enfin ça m’est égal, et si enfin je suis content d’avoir de nouvelles raisons de fuir dans un pays où vous ne viendrez pas ? Là-dessus ils ne savent que dire et les voilà quinauds. Donc, mes amis, vive la joie ! Tout ce qui nous fait aller ne nous empêchera pas de nous en aller. Nous vivons de cette espérance, et nous rencontrons encore bien des petites fleurettes comme vous moi et moi vous, qui ne laissent pas d’avoir leur prix. C’est un fameux plaisir de se dire bonjour et de se donner la main en passant, de se montrer quelque présent qu’on a reçu de Jésus, de savoir certainement qu’on en recevra de plus beaux, qu’on se retrouvera, qu’on renaîtra, d’entrevoir ce que sera le ciel par ce premier aperçu des gens qui l’habiteront. Ah ! grand Dieu ! des gens qui dès ce monde ont de l’esprit et du cœur, qui commencent à concevoir Jésus et à l’aimer, et qui en conséquence supportent les rhumes et les gouvernemens. Je vous dis que nous sommes des coquins trop heureux, et je vous embrasse encore en attendant de vous embrasser toujours dans le cœur large de Jésus. :


P. -S. — Chère Léontine, ma sœur Marie-Luce a reçu votre souvenir, votre désir et vos prières. Vos prières seront dans son livre, si elle obtient la permission de les loger là, comme c’est bien supposable. Elles y resteront un an. Après, pour ne pas rompre le vœu de pauvreté et pratiquer le détachement du monde, tout s’en ira du livre et passera à un autre. Cela vous donne une petite vue du métier. Une visitandine n’a rien à elle, que Jésus, mais elle a Jésus tout entier.


LOUIS VEUILLOT.