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d’amende. La location des chevaux, distincte de la poste, à qui les loueurs payaient une redevance annuelle de 22 francs pour chaque bête de leurs écuries, était alors une industrie monopolisée ; et ce monopole semble assez mal vu, du moins en certaines localités, puisqu’un de ceux qui en jouissent se plaint « qu’il est sujet à mille vexations... on est allé nuitamment lui couper ses vignes, bien qu’il laisse, dit-il, aux habitans la liberté de se servir de leurs chevaux pour faire et serrer leurs provisions. »

Le développement du louage, privilégié ou libre, dut influer sur les prix qui baissèrent au XVIe siècle ; il faut toutefois tenir compte qu’aux 5 et 6 francs par jour de l’aller s’ajoutaient, — lorsqu’on n’avait pas la chance de trouver des « chevaux de retour, » — les frais du postillon qui vous accompagnait pour ramener l’animal à son propriétaire ; ce qui, avec la nourriture des chevaux, portait aisément la dépense à 20 francs par jour, sans compter les auberges pour les voyageurs. Aussi ces derniers avaient-ils économie à traiter avec « le messager. »

De temps immémorial allaient et venaient, entre Paris et quelques grandes villes, des messagers dits « de l’Université » parce qu’à l’origine ils étaient chargés de la correspondance entre les étudians parisiens et leurs familles de province. Nommés par le recteur, leur fonction, étendue au port des lettres pour tout le monde, se transforma en office vénal qui constituait une recette universitaire, d’ailleurs insignifiante. Soit que ce monopole fût peu susceptible de rendement, soit que l’Université l’ait mal géré, elle n’en tira pas même de quoi stipendier ses régens jusqu’au dernier quart du XVIe siècle, époque où l’Etat lui suscita une concurrence par l’institution des « messagers royaux (1775). »

Ceux-ci eurent plus d’étoffe ; assermentés, astreints, du moins dans le projet du législateur, à un cautionnement de 3 750 francs, le transport des sacs et pièces de procédure, — fret notable parmi les Français processifs de jadis, — leur était privativement attribué ; de même celui des petits paquets et des espèces d’or et d’argent pour le compte des particuliers, auquel vint s’ajouter un peu plus tard (1588) le convoi des deniers publics.

A dater de ce moment les messagers, au lieu de régler à leur gré la date de leurs tournées, furent tenus de partir périodiquement ;