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non seulement elle permettra d’évacuer les eaux quand le tunnel sera en exploitation, mais elle aura deux autres résultats, qui sont peut-être plus importans encore : celui de permettre de tracer le tunnel avec sûreté, celui de le construire avec le minimum de temps et le maximum de facilités.

Si nous savons que les couches souterraines de craie grise existent avec une épaisseur suffisante, nous ne sommes pas fixés, avec une certitude absolue, sur la position exacte, à quelques mètres près, de ces couches souterraines. La galerie d’écoulement va nous permettre, entre autres avantages considérables, de tâter cette position. On choisira la position des puits sur terre en s’inspirant surtout des facilités à ménager pour leur fonçage. On forera ces puits jusqu’à la base de la craie grise ; on reconnaîtra à nouveau, aux points choisis pour le fonçage, l’épaisseur de la craie ; de là, on percera, en cheminant selon le tracé et le profil de la galerie d’écoulement, mais, quand on aura fait 100 ou 150 mètres de galerie, c’est-à-dire au bout du travail d’une semaine environ, on fera des sondages rayonnant en dessus et en dessous de la craie, pour savoir exactement comment on est placé dans la couche. Huit jours après, on refera des sondages analogues, et ainsi de suite, de huit jours en huit jours, c’est-à-dire tous les 150 ou 200 mètres. Si quelques-uns de ces sondages consécutifs indiquent que l’on se rapproche trop des limites, soit inférieure, soit supérieure de la couche de craie, on infléchira le tracé de façon à se remettre dans les conditions où il faut se placer. La galerie d’écoulement sera plus ou moins sinueuse. Peu importe. Les eaux ne s’y écouleront pas moins ; mais, avant d’attaquer le tunnel proprement dit, on aura ainsi reconnu la couche, et cette reconnaissance se continuera par des rameaux transversaux qu’au fur et à mesure de l’avancement de la galerie d’écoulement, on lancera vers le tunnel, dont on déterminera ainsi par tâtonnemens chaque point d’attaque intermédiaire, de manière que ce point soit exactement à la hauteur où il faut être pour réaliser un bon profil.

En lançant un certain nombre de ces rameaux qui, partant de la galerie d’écoulement, aboutiront à l’axe du tunnel, on constituera autant de chantiers qu’il y aura de rameaux par lesquels on pourra attaquer le tunnel lui-même, bien entendu en le creusant toujours en remontant pour éviter aux ouvriers les