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dispositions de l’Angleterre à l’égard du projet du tunnel. Dans ce cas, l’ambassadeur de la Reine devra répondre que son gouvernement verra avec plaisir toute amélioration apportée aux communications de l’Angleterre avec le Continent et qu’il serait, en conséquence, heureux d’apprendre le succès d’une entreprise destinée à rattacher les chemins de fer anglais au réseau des chemins de fer continentaux. Opposé en principe au système du monopole, le gouvernement anglais ne voit pas d’inconvénient à ce qu’une concession soit faite aux promoteurs de l’entreprise dans les conditions ordinaires des contrats de cette nature en France, moyennant que la fixation d’une durée ou de conditions de rachat conjurent l’établissement d’un monopole contraire à l’intérêt public.

On le voit, la question de principe n’était plus en jeu et le gouvernement anglais ne songeait qu’à préciser les conditions auxquelles il subordonnerait la concession de la ligne.

Enfin, le 25 juillet 1873, lord Lyons, qui s’en tient toujours à la lettre de ses instructions, demande s’il doit spontanément compléter par une note les précédentes explications qu’il a données au gouvernement français. La réponse du Cabinet britannique est affirmative et la note est remise par lord Lyons à notre gouvernement.

Ajoutons qu’une note, placée au bas de la page du Livre bleu qui contient la lettre du 23 juillet de lord Granville, explique la démarche faite par le ministre des Affaires étrangères britannique et accentue l’insistance avec laquelle il marque son adhésion au projet de tunnel et donne ses encouragemens à l’entreprise.

L’accord entre les deux gouvernemens est donc formel et complet : long échange de vues, assurances réitérées de part et d’autre, tout paraît concourir à sa solidité. Toutefois, l’année suivante, à la veille de procéder à l’acte de concession, le gouvernement français croit encore utile de prendre certaines précautions. Dans l’intervalle, le parti conservateur est revenu au pouvoir en Angleterre. On n’est plus en présence du Cabinet Gladstone, qui avait fait preuve, dans l’étude de la question, d’un esprit si large et d’une vue en quelque sorte prophétique de l’avenir. C’est pourquoi, le 27 octobre 1874, le gouvernement français communique au gouvernement anglais, par l’entremise du comte de Jarnac, notre ambassadeur à Londres, les