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DE L’HISTOIRE
ET
DES HISTORIENS

II[1]
LES HISTORIENS GRECS

Une première remarque est nécessaire. Les historiens, dignes de ce nom, appartiennent presque exclusivement à la civilisation méditerranéenne. Les autres peuples ont des annales, des registres, des recueils de notations, des légendes, des fables : mais l’histoire proprement dite a fleuri sur les bords de la Mer Intérieure et elle n’a fleuri que là.

Il semble que la force intellectuelle nécessaire pour écrire l’histoire n’ait été donnée qu’aux peuples habitant sur ces rivages, l’histoire et la civilisation marchant toujours du même pied ; car, comme nous l’avons démontré, les sciences théoriques et appliquées, les diverses techniques, l’art, la philosophie sont sous la dépendance de l’histoire. Assurément, les races méditerranéennes ont obtenu les faveurs de la nature : mais elles ne sont les maîtresses intellectuelles de l’humanité que parce qu’elles se sont appliquées à tenir ses archives.

Le premier grand historien, c’est Homère. Son œuvre,

  1. Voyez la Revue du 15 septembre 1913.