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adressé à votre sainte patronne et lui ai dit avec effusion de cœur :


 O vous Sainte Anne Joachin,
Qu’en ce jour partout on révère,
Veuillez d’un visage serein
Accueillir mon humble prière.
Obtenez pour Anne Falguière,
Elle le mérite si bien,
La fleur d’une santé prospère ;
Il ne lui manquera plus rien
De ce qui peut la satisfaire ;
Vertu, santé font les heureux
Et, si son estomac digère,
Pour sa félicité plénière
Je n’ai plus à former de vœux. — Amen.


« Après cette courte et fervente prière, j’ai pensé qu’il faudroit aussi vous envoyer un bouquet ; mais nous n’avons ici que des fleurs de rhétorique. Ces fleurs, madame, sont comme le fard qui gâte le teint et cache les rides : qu’en pourriez-vous faire ?


Votre mérite sans parure
Est plus aimable et plus charmant ;
Le vernis d’un faux ornement
Enlaidit la belle nature.


« Faute de bouquet, j’ai voulu faire un beau parallèle de vous et de sainte Anne, j’ai comparé pied à pied vos belles qualités et les siennes :


De part et d’autre le détail
Eût sans doute été long à faire,
Mais je ne plains pas mon travail
Quand je travaille pour vous plaire.


» Il s’est trouvé une petite difficulté à cela qui n’a pas laissé 

de me faire abandonner mon projet ; personne n’a su me dire quelles belles qualités distinguèrent votre patronne, quelles actions admirables elle fit.


Tous les auteurs ont sur ce point
Gardé le plus profond silence ;
Dans le monde on le ne sait point
Et voilà votre différence.


» Aussi permettez-moi, madame, d’être, sans bouquet et sans 

compliment, votre [...] Joubert. »