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Il fut baptisé le 8 mai, dans l’église Saint-Georges-de-Brenac, l’une des paroisses de Montignac. Le prêtre fut l’abbé Martel, vicaire ; le parrain, Joseph Queyroy, bourgeois et habitant de ladite ville ; la marraine, Marie Darchaud. Le parrain signa ; non la marraine, « pour ne savoir. » Ces noms importent peu ; mais on aime à tirer de l’immense oubli ce qu’en ramène le hasard[1].

Il était, comme disent les actes d’alors, fils « naturel et légitime » de Jean Joubert, bourgeois et maître chirurgien. Ce Jean Joubert, natif de Montignac, avait été chirurgien dans les armées du Roi ; et il épousa en premières noces une demoiselle Françoise Pugnaire, qui mourut à Grasse le 13 novembre 1746. Après cette mort, il quitta les armées du Roi, revint au pays natal ; et il épousa Marie-Anne Gontier, qui fut la mère de Joseph Joubert. Son père (et ainsi te grand-père de Joseph Joubert) était un Claude Joubert, de Montignac ; et, sa mère, une Thoinette Queyroy[2]. Les Joubert, les Queyroy et les Gontier, trois familles nombreuses et dont les noms reviennent souvent, sur les registres de l’état civil et dans les procès-verbaux des assemblées municipales ou autres, à Montignac, vers la fin du XVIIIe siècle.

Montignac était alors une petite ville de quelque deux mille âmes et, sinon la plus importante, la plus jolie du Sarladais, au dire d’un estimable voyageur, François de Paule Latapie, inspecteur des manufactures et qui, l’année 1778, fit une tournée en Guyenne[3].

Une charmante petite ville : aujourd’hui encore, en la dégageant des bâtisses neuves, on la retrouve. Il reste beaucoup de maisons que Joubert a connues. Elles sont en pierre grise, solides et coiffées d’ardoises : les longs toits, avant d’arriver aux murailles, s’inclinent et se courbent gracieusement. La couleur des toits et de la pierre est en harmonie avec la teinte du paysage. Autrefois, quand la facilité des transports n’avait pas dérangé toutes choses, on bâtissait avec les matériaux de la région : et ainsi les villages ne faisaient pas de taches dans la

  1. Registre des actes de l’état civil de la paroisse Saint-Georges-de-Brenac, (Mairie de Montignac.)
  2. Acte de partage du 15 mai 1752 entre les enfans de Claude Joubert et de Thoinette Queyroy. (Étude de Me Boisselit, notaire à Montignac.)
  3. Le journal de tournée de François de Paule Latapie a été publié par M. Léon Cosme, dans les Archives historiques du département de la Gironde, t. XXXVllI.