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s’est faite par une rapide divulgation en Europe des procédés nés sur les bords de la Seine.

Qui étudierait la Renaissance française sans connaître la Renaissance italienne et, de même, qui prétendrait connaître la Renaissance italienne sans rechercher l’influence initiale du moyen âge français, commettrait des fautes analogues. Guizot, au début de son livre sur la Civilisation en France, fait un parallèle entre les quatre grandes nations européennes, l’Angleterre, l’Allemagne, l’Italie, la France : il faut relire ce morceau tout entier pour reconnaître les effets que l’esprit humain peut tirer du rapprochement et de la comparaison.

La civilisation est une co-pénétration constante des nations l’une par l’autre, et, pourtant, les individualités ethniques gardent chacune leurs physionomies propres. La raison de ces actions et de ces réactions, de cette plasticité des races humaines et de leur fixité, le maintien des espèces dans la promiscuité des familles, est un des problèmes les plus délicats et les plus profonds de l’histoire. Le territoire de la Gaule est un vase clos où la succession des invasions asiatiques, africaines, européennes ont laissé leurs dépôts depuis des siècles. Et malgré la diversité des origines et l’étonnante variété des apports, le type physiologique et psychologique change peu. Le Français d’aujourd’hui, disert, inquiet, bruyant, brave, prompt à l’espoir, prompt au découragement, est toujours le Gaulois décrit par César. La civilisation fleurit sur un rocher dont la composition reste la même. Quelles mensurations, quelles anthropologies, quelles ethnographies historiques et préhistoriques découvriront le secret de ces immobiles métamorphoses ?

Nous avons reconnu les attaches de l’histoire, pareilles à celles de la civilisation, avec le sol et avec les exigences vitales : mais, nous voici en présence de son principal sujet, c’est-à-dire l’âme. L’histoire de l’homme est une géographie, une économique ; mais elle est excellemment une psychologie : psychologie des individus, psychologie des foules, — et l’on sait, maintenant, comme ces deux psychologies s’opposent dans leur unité même.

L’histoire considère, dans le particulier, le général et, dans l’individu, le corps social. La recherche psychologique s’intéresse surtout aux âmes dont l’action a rayonné sur leur temps et sur l’avenir. L’individu historique, c’est, par excellence,