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Amanvillers jusqu’à neuf heures du soir, c’est-à-dire jusqu’après la fin de la lutte. Elle n’a été repliée qu’ensuite sur Saint-Vincent, puis sur le Gros-Chêne, où je lui apportai directement du grand quartier général, à minuit, l’ordre de rentrer sous Metz.

Où donc est la « catastrophe ? » et qui l’a précipitée ? Ladmirault ou Bazaine ? Tandis que celui-ci était rentré à Plappeville, d’où n’était même pas sorti son fanion, le premier, inlassable, reformait sur le plateau ses élémens refoulés, sous la protection de ceux qui n’avaient cessé de tenir, afin d’être prêt à reprendre la lutte dès le lendemain matin[1]. C’est la mort dans l’âme qu’il se les vit enlever alors par les ordres répétés du commandant en chef, et rappeler dans l’enceinte d’où ils ne devaient plus sortir.

M. Ollivier ne s’en est pas rendu compte. Au lieu de s’en tenir aux sources contrôlées, les dépositions des témoins et les rapports des corps, aurait-il accueilli cette fois encore avec la même facilité que M. Bapst des récits inacceptables pour une œuvre historique ? J’ai pu déjà opposer à ceux-là le défi public[2] de produire un témoin, — et il pourrait s’en trouver parmi les vivans, puisque j’en suis encore, — qui vienne apporter et puisse maintenir devant moi un témoignage différent du mien sur ce point capital.


P. -S. — Ce débat loyalement consenti entre le brillant historien et l’obscur combattant des batailles de Metz est aujourd’hui tronqué par la mort. Il ne convient donc plus au survivant d’apporter à ses témoignages la conclusion qui doit s’en dégager d’elle-même. Mais il lui reste à exprimer, avec sa reconnaissance pour l’hospitalité de la Revue, un regret extrême de l’événement qui ferme trop tôt la lice ouverte à la défense d’une noble mémoire.


LA TOUR DU PIN-CHAMBLY.

Lieutenant-colonel en retraite.

  1. Général Bonnal, La manœuvre de Saint-Privat, t. III.
  2. Voyez l’Éclair du 13 juillet 1913.