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à Doncourt, village sur la route septentrionale de Metz à Verdun par Conflans, Etain, etc. Je l’appelle septentrionale par rapport à l’autre route, qui, partant également de Gravelotte où bifurque celle de Metz à Verdun, se poursuit à gauche par les villages dont les noms allaient devenir célèbres, Rezonville, Vionville, Mars-la-Tour. Le 2e corps devait la prendre, puis le 6e, tandis que le 3e devait suivre le 4e par la route au Nord de celle-ci. La Garde devait prendre l’une ou l’autre de ces deux routes, selon les circonstances. — Ce sont ces dispositions de marche, trop simples, que M. Ollivier trouve « réglées de main de maître. »

La division de queue du 3e corps et celle de tête du 4e n’en étaient pas moins en panne depuis la veille, quand les autres divisions du 4e levèrent le camp pour gagner Doncourt par la seule route qu’elles connussent libre, celle de Woippy et Saulny vers Montmédy. Et bien elles firent, dit le maréchal. (Voir ci-dessus : Procès, p. 164.)

Comme pendant cette marche le canon se faisait entendre sur leur gauche, c’est-à-dire sur l’autre route, celle du Sud, la première de ces divisions d’abord, — la division Grenier, — se porta rapidement dans la direction, laissant pour cela ses sacs ; la seconde, Cissey, deux heures plus tard, parce qu’elles étaient séparées par le convoi, qu’il avait fallu encadrer ainsi pour qu’il ne courût pas risque d’être enlevé.

Les premières troupes conversèrent d’abord à gauche, le général en tête, guidées par la fumée des canons, jusqu’à ce qu’elles eussent aperçu la droite du 6e corps, fortement engagée, tandis que le 3e figurait en réserve.

Nous formions ainsi aile marchante de la conversion, que nous avions entamée sans ordres.

Nous la continuions en abordant l’ennemi et le refoulant, lorsque se dessina contre nous une puissante contre-attaque. Le général de Ladmirault, qui était descendu, avec ses têtes de colonnes déployées, dans un ravin, remonta avec elles sur la berge pour recevoir cette attaque. A ce moment même y accourait bien opportunément la division Cissey, dont il n’avait cessé de presser l’arrivée. Le choc fut violent, anéantissant la colonne allemande, — cinq bataillons et trois escadrons. — Cela malgré la diversion prononcée par une puissante cavalerie sur l’autre face du redan dessiné par le ravin.