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que de ceux d’un état-major constitué de la veille, et dont la besogne essentielle était d’ailleurs distincte et toute tracée.

C’est donc en la qualité susdite, dans laquelle je désire être reconnu, que je vais apporter ici quelques témoignages. Mieux que des définitions, ils feront toucher à M. Ollivier ce qu’est un aide de camp. Je les classe sous les chefs d’accusation qui se dégagent de son œuvre.


I

Le général de Ladmirault a-t-il contrevenu aux ordres du maréchal Bazaine en prenant part le 14 août à la bataille de Borny ? — Pouvait-il faire autrement ? — Etait-il en présence d’une disposition qui devait le lui interdire ou l’en dispenser ?


Voilà les points qu’il faut élucider.

Un ordre aussi insolite que celui de ne pas se défendre contre une attaque ne se comprendrait que si une autre troupe eût été chargée de couvrir la retraite : une arrière-garde en position, sous la protection de laquelle les chefs des autres unités savent qu’ils peuvent continuer le mouvement en retraite sans être inquiétés, et finalement, en la circonstance, jetés à la Moselle, qu’ils ont à franchir sur des ponts volans, — opération toujours délicate.

Si cette disposition normale n’a pas été prise et notifiée par le commandant en chef, ni ordonnée aux chefs des diverses colonnes, c’est à chacun d’eux d’y pourvoir par ses moyens : non pas en laissant ce soin à une arrière-garde, — ce serait contrevenir à l’ordre de mouvement général, — mais par une contre-attaque. Celle-ci peut sans doute retarder la marche, mais beaucoup moins que ne le ferait la constitution d’une arrière- garde qu’il faudrait attendre, sa mission terminée. C’est aussi l’avis du maréchal Bazaine lorsqu’il dit : « L’ennemi était sur nos baïonnettes ; je ne pouvais pas effectuer un passage dans de bonnes conditions. C’est ce qui a amené la bataille de Borny. » (Procès Bazaine, p. 211.) Ailleurs, il dit aussi : « ... Oui, mais que serait-il arrivé si j’avais laissé un échelon derrière et si cet échelon avait été attaqué ? J’aurais été obligé de revenir, parce que je n’aurais pas pu l’abandonner à lui-même. » (Procès Bazaine, p. 164.)