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« de toutes parts vont éclater la désobéissance, la négligence, ou l’inintelligence. » Puis, dans la suite du récit, nul n’en est montré plus coupable que le général de Ladmirault ; cela, depuis « l’incroyable anarchie dont l’état-major du 4e corps présentait le spectacle[1], » jusqu’au « motif inouï que donne son officier d’ordonnance de la négligence de son chef[2]. » Cet « officier d’ordonnance » est constamment en jeu, parce que c’est à ses dépositions au procès Bazaine que M. Ollivier emprunte le plus des reproches dont il charge le général. Or, à une autre occasion, cet « officier d’ordonnance », ou plutôt cet aide de camp, — c’était moi, — a précisément reçu de son chef mission de parler pour lui.

Voici mes pouvoirs :


« Mon cher La Tour du Pin, je vous serai bien reconnaissant d’une réplique que vous pourriez faire à l’ouvrage du général Jarras sur les actions qu’il peut attribuer au 4e corps de l’armée de Metz... Vous avez bien connu tous ces faits ; vous y avez pris une grande part...

« Le général de Ladmirault, »

14 juillet 1892.


J’ai été sept ans aide de camp du général de Ladmirault, avant, pendant et après la guerre, dans toutes les fortunes. C’est là ce qui caractérise la fonction, que M. Ollivier paraît ignorer avoir été la mienne, comme d’ailleurs il ne tient pas un compte suffisant de la constitution des états-majors de l’époque. Les états-majors n’existaient pas en temps de paix et devaient être créés de toutes pièces, à tous les degrés de l’organisation, pour l’entrée en campagne. Autrement, les officiers généraux n’avaient à leur disposition que des officiers d’ordonnance détachés temporairement de la troupe et des aides de camp recrutés dans un corps spécial, le corps d’état-major, par un libre choix réciproque. C’était entre leur chef et eux une sorte d’association k long terme, naissant de la confiance et reposant sur le dévouement. On conçoit qu’au fort de l’action le général se servit plutôt, pour la soutenir, des officiers qui étaient ainsi à sa main,

  1. Voyez la Revue du 1er juin, p. 511.
  2. Voyez la Revue du 15 juin, p. 737.