Page:Revue des Deux Mondes - 1913 - tome 17.djvu/221

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
REVUE SCIENTIFIQUE

QUELQUES RECHERCHES RÉCENTES SUR L’OCÉAN


« La mer ! La mer ! » Tel fut le cri joyeux des dix-mille de Xénophon, lorsque, venus de Babylone, ils virent soudain étinceler à leurs pieds le Pont-Euxin. Maintenant que les vacances ont repeuplé les plages, le même cri jaillit chaque jour de millions de poitrines, et le moment est peut-être venu de jeter un coup d’œil sur les progrès actuels de cette jeune science qu’on appelle l’Océanographie. Aussi bien l’inauguration récente du bel Institut Océanographique que Paris doit au prince Albert de Monaco, est venue marquer d’éclatante façon l’importance croissante que prennent aujourd’hui les études relatives à la mer.

Celle-ci n’est pas seulement grâce aux pèches l’une des principales pourvoyeuses de vivres de l’humanité, elle n’est pas seulement la route du commerce mondial ; de mille manières encore elle impose son empreinte sur la vie terrestre, et le paysan qui ne l’a jamais vue et qui a mille lieues d’elle laboure obscurément son champ est, presqu’autant que le pécheur ou le marin, l’enfant de la mer nourricière. Elle est en effet la grande source de la vapeur d’eau qui condensée en pluie ou en neige fertilise et rend habitable l’intérieur des terres. On ne connaît pas exactement la quantité totale de pluie tombant annuellement sur le globe. Mais on peut l’estimer voisine d’un mètre en moyenne. L’énergie solaire qui puise, par évaporation, cette eau à la surface des océans est énorme, et, en admettant que la hauteur moyenne des nuages soit de 1 000 mètres, on peut calculer que cette