Page:Revue des Deux Mondes - 1913 - tome 17.djvu/183

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

retombantes, qui se silhouettent en noir bleuté ; c’est Saint-Georges des Grecs, ce sont d’autres églises en ruines, c’est Saint-Nicolas surtout, d’un roux doré, s’assombrissant progressivement avec le déclin du jour et devenant comme une sorte de monolithe fantastique, d’un brun violacé.

Rapidement, la lumière diminue, les détails s’estompent, puis, la nuit se faisant, l’étoile du berger, suivie de bien d’autres, apparaît.

Et au milieu du grand apaisement des soirs, planant silencieusement au-dessus de la ville depuis des siècles endormie, monte lentement comme une voix d’enfant, tant est grand l’espace qu’elle a à remplir, la voix du muezzin annonçant la prière.

Jadis, le son des cloches de ces mêmes tours, à cette même heure, appelait, pour l’Angélus, le peuple exubérant de vie d’une cité fameuse, et il m’a semblé, en écoutant de toutes mes oreilles, qu’à cet instant toujours solennel de la fin du jour, l’Orient se symbolisait dans la voix du muezzin appelant, pour l’Adhân, au-dessus des ruines accumulées, une humanité tombée en léthargie...


COMTE JEAN DE KERGORLAY.