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d’outrages, devant cette porte, sur la place pour y subir son douloureux et glorieux martyre.

Au nord du palais, séparée de ce dernier par une rue étroite, sans doute moderne, il y a une église que M. Enlart croit pouvoir identifier avec l’église et le couvent des Franciscains. C’était, dit-il, « un des établissemens religieux les plus importans de Famagouste, c’était aussi l’un des plus anciens ; on le trouve, dès l’année 1300, dans une situation très prospère. » « En cette même année, qui n’était pas une année d’épidémies, un notaire génois enregistra huit legs en faveur de Saint-François de la part d’étrangers qui avaient succombé au climat. »

L’église se compose d’une nef simple, terminée par une abside à trois pans, plus tard on ajouta deux chapelles plus larges que profondes et moins hautes que la nef. D’une construction très soignée, Saint-François est encore aujourd’hui, parmi les églises en ruines, une de celles qui sont les plus intéressantes à visiter.

Enfin, pour terminer, nous irons à Saint-Pierre et Saint-Paul située au sud du palais et construite, nous dit le Père de Lusignan, sous le règne de Pierre Ier, entre 1358 et 1369, par un riche marchand, Simone Nostrano, avec le tiers des bénéfices qu’il retira d’un voyage en Syrie ; ce qui donne une assez bonne idée des gains que pouvaient réaliser, à cette époque, les commerçans de Famagouste.

Ayant de grandes ressemblances avec Saint-Georges des Grecs, d’un aspect lourd mais imposant, cette église nous a été heureusement conservée à peu près intacte.

Elle se compose à l’intérieur d’une nef, avec des bas côtés de cinq travées, d’une abside et de deux absidioles. A l’extérieur, les bas côtés n’ont pas de contreforts. Au sommet des culées et au-dessus des fenêtres de la nef, on voit des porte-étendards de pierre. A l’ouest, il y a trois portails en tiers-point, d’une grande simplicité, et, au nord, un autre portail beaucoup plus riche mais sans doute remanié. Il est orné de feuillage, de fruits, d’un animal fabuleux au pied d’un cep de vigne, d’un Saint-Michel figuré sous les traits d’un ange et d’un autre ange tenant un encensoir. Ces sculptures sont couronnées d’un gable aigu au sommet duquel, une chouette grise, l’oiseau fatidique par excellence, avait élu domicile. De son poste d’observation, elle regardait avec mélancolie, les yeux mi-clos, le palais des Lusignan