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ont été construites avec les pierres de ses maisons ; c’est dire que, non seulement, tout ce qui se trouvait au-dessus du sol a été enlevé, mais encore on a arraché jusqu’aux fondations. La partie Sud de Famagouste, celle qui se trouvait à droite en entrant par la porte de Limassol, était autrefois le quartier de la Monnaie et, entre ce dernier endroit et l’arsenal, il y avait le quartier des Grecs.

On y voit des églises byzantines et, à une petite distance de Saint-Nicolas, s’élève Saint Georges des Grecs. M. Enlart pense qu’elle fut construite vers 1360 ; très maltraitée par le bombardement de 1571, elle est à demi ruinée.

C’est un monument simple, comprenant une nef de cinq travées, avec des bas côtés sans contreforts, qui se termine par une grande abside et deux petites.

Le chœur, le mur sud du bas côté et une partie de la façade sont maintenant tout ce qu’il en reste, avec une construction byzantine accolée au sud-est. Elle était couverte, à l’intérieur, de peintures de facture italienne, du XVe siècle. Quoique assez effacées, il est cependant facile d’en reconstituer les scènes principales.

De l’autre côté de Saint-Nicolas, au nord, près du château, se trouvent des ruines que l’on croit pouvoir identifier avec Saint-Georges des Latins. M. Enlart lui assigne comme date de naissance le dernier quart du XIIIe ou peut-être le début du XIVe siècle.

Elle avait une nef unique de quatre travées, terminée par une abside à trois pans. Trois portails en permettaient l’accès.

Aujourd’hui, il n’y a plus debout que la moitié nord de l’édifice et le fond du chœur. Malgré son état de délabrement, de tous les monumens que j’ai vus en Chypre, Saint-Georges des Latins est celui qui m’a le plus complètement séduit par la grâce de ses lignes, sa sobre ornementation, et la qualité exceptionnelle de son appareil et de ses sculptures.

Son architecte n’a pu être qu’un artiste de haut goût, éduqué aux meilleures écoles de la plus parfaite période de l’art ogival.

Des palmiers entourant ces ruines complètent ce ravissant décor. Les églises gothiques de Chypre sont merveilleusement rehaussées par les dattiers poussant auprès d’elles. Nous avons été généralement habitués, depuis notre jeunesse, à voir ou à