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pour faire le commerce sous la protection de la République et nominativement au nom de la compagnie.

« Le 15 octobre 1408 à Gênes, la Mahone se réunit à un office créé l’année précédente, pour concentrer dans une seule administration et sous l’invocation de saint Georges, patron de la République, la Ferme générale des Gabelles. C’est l’institution qui plus tard prit le nom de banque de Saint-Georges. La compagnie chypriote opéra son adjonction à l’office en achetant des actions sur les revenus publics pour une somme égale à la totalité de ses créances sur Famagouste et sur le roi de Chypre. »

Le prix de la cession de ses droits faite par la compagnie, à la Société de Saint-Georges, fut de 5 884 actions de la Mahone, valant 1471 actions de Saint-Georges ou 147 100 livres génoises. ; « Bien qu’absorbée dès lors par l’Office de Saint-Georges, la Mahone de Chypre n’en conserva pas moins sa comptabilité séparée, l’on distingua toujours dans les traités ultérieurs les intérêts de l’ancienne Mahone de Chypre (1373) et de la nouvelle Mahone de Chypre, formée peu avant la réunion de 1408. »

Près de la place où nous étions tout à l’heure, un peu à l’est, se trouve l’église Saint-Nicolas transformée en mosquée depuis l’occupation musulmane. C’est une merveilleuse cathédrale rappelant celle de Reims, moins grande cependant. D’une rare harmonie de proportions, d’une suprême élégance, elle s’élève vers le ciel bleu, splendidement dorée par les siècles et le soleil de l’Orient. Aucun autre monument du Moyen âge, ni dans le midi de la France, ni en Italie, ni en Espagne, où cependant les tons de la pierre sont admirables, ne peut rivaliser avec elle et ne m’a produit une semblable impression.

Elle est d’un roux chaud, presque fauve, mais d’un fauve un peu acajou rendu plus puissant par l’intensité de la lumière. Que le soleil frappe en plein sa façade ou qu’il la touche obliquement et que des ombres bleutées fassent mieux se détacher les détails de sa décoration, elle est toujours aussi belle.

Je suis allé m’asseoir, bien souvent, devant cette vieille église magnifiquement ambrée, à des heures différentes du jour pour mieux la contempler, et il me serait impossible de dire à laquelle de ces heures je la préfère.

Sa façade, cantonnée de hautes tours auxquelles adhèrent des tourelles d’escaliers octogonales (une d’elles, celle de gauche, a été malheureusement surélevée pour servir de minaret), est