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est-ce bien une objection ? Se peut-il qu’une machine soit assez robuste pour ne jamais être pervertie par une influence morbide ?

D’ailleurs, dans la fièvre, caractérisée le plus souvent par de l’hyperthermie, l’appareil régulateur n’est pas détruit ; il fonctionne mal, ce qui est bien différent. Sous l’influence des poisons sécrétés par les microbes de telle ou telle maladie infectieuse, les centres nerveux, régulateurs de la chaleur, sont troublés, empoisonnés, et, au lieu de bien régler la température à 37°, ils la règlent défectueusement, à 38°, 39°, 40°, quelquefois 41°. Le système régulateur règle encore, mais il règle à un niveau trop élevé, comme pourrait le faire une étuve détraquée.

Donc la Nature, pour des animaux homéothermes de tailles très diverses (depuis la baleine jusqu’à la souris), vivant à des climats très différens, de -f-40° au Sénégal à — 40° en Sibérie, pourvus de pelages infiniment variés, se nourrissant tantôt de grains, tantôt de viande, tantôt de fourrage, tantôt de lait, tantôt de poissons, a résolu cet étonnant problème de les maintenir tous à température constante.

Personne ne prétendra qu’elle a voulu le résoudre ; car ce serait tomber dans un anthropomorphisme enfantin ; mais tout de même, par le jeu inexorable de la sélection et de l’hérédité, le problème a été résolu, et tout se passe comme si c’avait été par une intention formelle.


L’étude des réflexes et de la sensibilité n’est pas moins féconde en enseignemens.

Si un corps étranger vient à toucher la muqueuse du larynx, cette excitation des nerfs laryngés va aussitôt provoquer une toux violente, et même suspendre toute respiration. Le physiologiste qui enseigne et étudie la respiration a le droit, et même le devoir, d’indiquer que cette toux réflexe n’est pas inutile, mais bien qu’elle a une cause, une raison d’être, — et presque une finalité, — c’est l’expulsion du corps étranger par une brusque et forte expiration.

Quand un animal est asphyxié, le cœur se ralentit énormément, par l’effet de l’excitation du bulbe qui commande aux pneumogastriques. On sait que ces nerfs ont pour fonction de ralentir les mouvemens du cœur. Donc, après qu’on les a coupés, il n’y a plus ralentissement du cœur. Et il se trouve que