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les jeunes gens de 20 ans, que ceux qui, complètement formés, présentent toutes les garanties de solidité. Combien sont-ils dans une classe ? Nous n’en savons rien, l’expérience n’en a pas été faite. L’exemple de l’étranger, c’est-à-dire de l’Allemagne, ne nous apporte ici aucune information probante parce que, étant donné le nombre d’hommes dont l’Allemagne regorge, les éliminations et les exemptions, qui sont chez elle très nombreuses, n’y ont pas toujours lieu pour cause de santé. Il y avait donc une épreuve à tenter, et il aurait été prudent de ne pas en préjuger le résultat. Il aurait même été préférable que l’expérience ne fût faite que plus tard, dans quelques années, quand les circonstances internationales dont M. Bartbou a parlé auraient disparu, de manière à donner, dès aujourd’hui, à notre armée toute la force dont elle est susceptible. Mais enfin, soit : on pouvait tenter l’expérience à la condition de la faire partielle, de n’incorporer qu’une assez faible proportion de soldats de 20 ans, de ne libérer qu’un nombre égal de soldats de la classe de 1910, et de garder, comme un lest indispensable, le reste de cette classe. Avec ces précautions, le risque à courir aurait été réduit au minimum. Voilà ce qu’on aurait dû faire, et non seulement pour l’année actuelle, mais pour les suivantes. En un mot, il aurait fallu donner à la loi un effet rétroactif et décider que les classes de 1911 et de 1912 feraient, ou pourraient faire, trois ans comme celle de 1910. Des coupages habilement calculés n’auraient peut-être pas sensiblement diminué la vertu du mélange. Pourquoi n’a-t-on pas opéré ainsi, comme la sagesse la plus élémentaire l’indiquait, et comme il semble bien que M. Bartbou avait l’idée de le faire le 4 juillet ? Pourquoi ? Parce que le saint, le sacro-saint principe de l’égalité, s’y opposait. Nous ne sachions pourtant pas de plus forte entorse donnée à ce principe que l’introduction, le même jour, sous les drapeaux de deux classes, celles de 1912 et de 1913, qui devront faire un nombre d’années différent. Eh quoi ! deux jeunes gens du même Alliage partiront ensemble, l’un pour trois ans, et l’autre seulement pour deux. Inégalité d’autant plus criante que le point de départ est le même ! On ne s’y est pas arrêté. On a décidé que l’égalité n’aurait lieu que dans une même classe, mais qu’elle y serait absolue : tous les hommes de cette classe devront faire effectivement le même nombre de jours de service. Ainsi le veut l’amendement Daniel Vincent.

M. Daniel Vincent, député jusqu’ici peu connu, est un socialiste unifié, dont on a dit avec raison qu’il avait fait plus contre la loi de trois ans, pour la désarticuler et en rendre le fonctionnement impossible,