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mais comme c’est en qualité de membre du Ministère et non pas de Président de la Chambre qu’il a pris la parole, il a quitté le Sac de Laine, et a fait quelques pas vers la gauche. Lord Lansdowne, le leader de l’opposition à la Chambre des Lords, prend également la parole ; mais c’est pour remercier lord Newton et pour constater l’unanimité de la Chambre. Un clerk coiffé d’une perruque, mais moins ample que celle du Chancelier, se lève alors et lit quelque chose que je n’entends pas très bien, mais qui constate, je crois, que le Bill est voté sans opposition.

Vient en discussion un autre Bill qui modifie et retarde l’heure de fermeture du scrutin dans les élections : le Lord qui soutient le Bill explique que cette mesure est proposée dans l’intérêt des ouvriers et des gens du peuple qui ne peuvent venir voter qu’une fois leur journée de travail terminée, — on sait que les élections ont toujours lieu un jour de semaine, — ce qui les gêne dans l’exercice de leurs droits. Lord Lansdowne, toujours infatigable et consciencieux dans son rôle de leader de l’opposition, se lève pour dire qu’il ne fait pas d’opposition au bill, mais que ce bill n’a d’intérêt que dans les grandes villes industrielles, dans les autres tout le monde ayant parfaitement le temps de voter. Un autre clerk lit encore quelque chose et le Bill est adopté à l’unanimité. La séance est levée après trois quarts d’heure.

Tout cela s’est passé de la façon la plus simple. Les orateurs parlent comme on cause ; un geste qui leur est familier, et que j’avais déjà remarqué chez l’archevêque de Cantorbéry, c’est de prendre à deux mains les revers de leur habit. Je désirais voir une séance de travail : j’ai réussi. Mais j’ai entendu onze orateurs ce matin, sept cet après-midi. Et dix-huit discours, c’est un peu indigeste.

Enfin j’ai terminé ma soirée par une expédition que je désirais entreprendre depuis longtemps. Je me suis promené une partie de la nuit avec un officier de l’Armée du Salut que le colonel Unsworth avait détaché auprès de moi, et j’ai assisté à l’accomplissement de ce que l’Armée appelle The Nighl Work. Je demande la permission de dire, sans périphrase, en quoi le Night Work consiste.

On sait que la prostitution n’est l’objet en Angleterre d’aucune surveillance ni réglementation. La surveiller et la réglementer serait reconnaître qu’elle existe et le cant britannique