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de l’adoption du service de trois ans et de l’augmentation des effectifs qui en sera la conséquence, on créera des impôts. Il en faut aussi d’ailleurs pour l’annuité nécessaire au service de l’emprunt. Nous verrons comment ces divers points sont réglés par M. Dumont, ministre des Finances. A l’heure où nous écrivons, le Parlement français n’a pas encore émis de votes définitifs. Nous ne pouvons donc examiner que les projets soumis aux Chambres par le Gouvernement, sans savoir quel sera le texte des lois futures. Mais la question est assez grave, elle nous intéresse tous assez profondément, pour qu’il convienne de discuter immédiatement les mesures proposées et les principes sur lesquels elles s’appuient. Plus, en effet, les dépenses publiques augmentent, plus les anciennes idées de sagesse financière paraissent oubliées et les principes économiques méconnus. Il semble que le patriotisme consiste non seulement à accorder sans coup férir les crédits demandés par les ministres, mais à ne pas même chercher à contrôler l’emploi qui en est fait et à ne pas se préoccuper des répercussions dangereuses que peuvent avoir des taxes inventées par l’imagination féconde des « argentiers » qui gèrent les finances du pays.


I. — CONTRIBUTION MILITAIRE EN ALLEMAGNE

Au mois de mars 1913, le Gouvernement allemand a déposé sur le bureau du Reichstag une série de projets militaires et financiers. Grâce à l’énorme accroissement de la population de l’Empire, il n’a pas besoin, pour augmenter ses effectifs, de recourir au service universel de trois ans qui s’impose à la France. Sans rien modifier aux dispositions actuelles, qui ne comportent que deux ans de présence dans les régimens d’infanterie, il se borne à appeler sous les drapeaux une plus forte proportion du contingent, dont une partie était jusqu’ici laissée dans ses foyers : d’où la nécessité de construire de nouvelles casernes, d’acheter des armes et des munitions, d’agrandir dans tous les sens l’édifice militaire. On évalue à environ 1 milliard de marks, soit 1 250 millions de francs, le coût de ces travaux à exécuter à brève échéance. D’autre part, l’élévation des effectifs entraîne une majoration des dépenses annuelles d’environ 200 millions de marks.