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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




La visite que M. le Président de la République vient de faire au roi d’Angleterre et au peuple anglais a manifesté avec éclat les sentimens réciproques des deux gouvernemens et des deux pays. L’accueil qu’a reçu M. Poincaré a été empressé et chaleureux : il s’adressait sans doute avant tout au représentant de la France, mais l’homme même a été l’objet d’une attention particulière, et le roi George a tenu à l’indiquer dans le toast qu’il a prononcé au banquet de Buckingham palace. « Je m’estime particulièrement heureux, a-t-il dit, d’avoir comme hôte un homme d’État aussi distingué et de réputation si haute que son nom n’est pas seulement éminent parmi les hommes politiques, mais qu’il occupe une place dans cette illustre Académie qui, depuis trois siècles, fait la gloire de la France et l’envie de l’Europe. » L’Académie a été sensible à cet hommage ; elle a décidé qu’il serait inscrit au procès-verbal de sa dernière séance ; mais la France aussi en prendra la part qui lui revient, car toutes ses illustrations lui sont chères. Enfin, comment pourrions-nous ne pas être touchés de l’adhésion que le peuple anglais, par tous ses organes, a donnée aux sentimens et aux paroles de son roi ? La presse a été unanime à s’en faire l’interprète. Le banquet du Guildhall, venant après celui de Buckingham palace, a montré la Cité de Londres et le peuple britannique animés pour la France et pour son représentant de la même sympathie. Les vieux conflits qui ont existé autrefois entre la France et l’Angleterre ne sont plus qu’un souvenir historique ; ils ont été heureusement dénoués, et « les deux peuples, comme l’a dit M. Poincaré, ont enfin cédé à leurs dispositions naturelles : leur mutuel respect s’est peu à peu doublé d’affection et à la courtoisie de leurs relations anciennes s’est ajoutée sans peine une confiante intimité. »