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en passant par l’auberge de Saint-Hubert et prenant à la cote 338, sur l’ancienne voie romaine, le chemin de grande communication, qui, passant en avant de Châtel-Saint-Germain et la ferme de Moscou à gauche, conduit à Montigny-la-Grange. Le général de Forton marchera avec le 2e corps. Dans le cas où l’ennemi entreprendrait une attaque sur une des directions à parcourir, le mieux serait d’indiquer comme point de ralliement le plateau qui est au-dessus de Rozérieulles entre Saint-Hubert et le Point-du-Jour. De là on pourra se porter sur les campemens indiqués plus haut. — P.-S. — Dans le cas où les troupes qui sont en position depuis la bataille y seraient encore, vous les rappelleriez dès à présent, si la sécurité de vos campemens ne s’y oppose pas. » Le maréchal n’entre pas dans les détails ; ce n’est pas son office, c’est celui des chefs de corps et du chef d’état-major général. En effet, Jarras désigne des chefs de section et des officiers qui se rendront auprès des chefs de corps d’armée et les aideront à mettre en exécution et au besoin à rectifier les dispositions dictées à la hâte par Bazaine.

Ces ordres donnés, il écrit à l’Empereur la lettre suivante résumant la situation telle qu’on la lui a exposée : « Sire, ce matin, l’ennemi a attaqué la tête de nos campemens à Rezonville. Le combat a duré depuis ce moment jusqu’à huit heures du soir, — Cette bataille a été acharnée. — La difficulté gît principalement dans la diminution de nos parcs de réserves et nous aurions peine à supporter une journée comme celle d’aujourd’hui avec ce qui nous reste dans nos caissons. D’un autre côté, les vivres sont aussi rares, et je suis obligé de me porter sur la ligne de Vigneulles-Lessy pour me ravitailler. Il est probable, selon les nouvelles que j’aurai de la concentration de l’armée des princes, que je me verrai obligé de prendre la route de Verdun par le Nord. J’espère que Votre Majesté aura fait sans accident la route jusqu’à Etain, et qu’elle pourra également gagner Verdun. J’aurai l’honneur de la maintenir, autant que possible, au courant de mes mouvemens. »


II

On est surpris de la précipitation avec laquelle Bazaine prit cette résolution qui devait porter une atteinte cruelle au moral de l’armée. Il ne vit pas qu’il devait, en ses incertitudes, maintenir