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REVUE DRAMATIQUE


Comédie-Française : Vouloir, pièce en quatre actes de M. Gustave Guiches. — Chatelet : Marie-Magdeleine, pièce en trois actes de M. Maurice Maeterlinck. — Odéon : Moïse, tragédie en cinq actes en vers de Chateaubriand.


La pièce de M. Gustave Guiches que vient de représenter la Comédie-Française est une pièce intéressante et manquée. Elle est intéressante par le choix du sujet, par la conception des rôles principaux, par toute sorte d’intentions et d’indications qui sont justes. L’exécution, où l’on ne sent pas assez la main d’un homme de théâtre, laisse trop souvent à désirer. C’est un exemple de l’importance extrême qu’a, ici plus que partout ailleurs, la question de métier. Plus d’un trait a porté à faux, qui était de bonne logique ou de fine psychologie. Mais le théâtre a ses raisons...

Vouloir est une étude de la maladie à la mode, qui est la neurasthénie. Pour être tout à fait exacts, disons que c’est une mode d’hier. Elle passe, et nous allons mieux : il n’était que temps. L’honneur de ce retour à la santé revient-il à la récente manie des sports ou à l’éloquente prédication des professeurs d’énergie ? La cure a-t-elle été physique ou morale ? Toujours est-il que nous semblons en bonne voie de guérison. Nos nerfs se sont raffermis, nos pensées se sont virilisées, nos courages se sont relevés. Tout le monde n’est pas subitement redevenu vigoureux ; mais les vigoureux n’affectent plus de se donner pour débiles : c’est un grand point. Dans la période que nous venons de traverser, toute personne un peu distinguée devait être affligée d’une sensibilité exaspérée, d’un nervosisme aigu, et d’une volonté défaillante. Il était élégant d’être malade et bien porté de se mal porter. Nous commençons à faire justice de ce paradoxe. A