Page:Revue des Deux Mondes - 1913 - tome 15.djvu/437

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
REVUE DRAMATIQUE


Comédie-Française : Riquet à la Houppe, comédie féerique en quatre actes en vers par Théodore de Banville. — Théâtre Sarah-Bernhardt : Reprise du Bossu, drame en cinq actes par Anicet Bourgeois et Paul Féval. — Théâtre de l’Œuvre : La Brebis égarée, pièce en trois actes et un prologue par M. Francis Jammes. — Vaudeville : Les Honneurs de la guerre, comédie en trois actes par M. Maurice Hennequin. — Odéon : La Rue du Sentier, pièce en quatre actes par MM. Pierre Decourcelle et André Maurel.


Si Peau d’Ane m’était conté... C’est Riquet à la Houppe, conté par Banville, que nous a offert la Comédie-Française : nous y avons pris un plaisir extrême. Les contes qui ont bercé notre enfance nous sont restés chers. Combien de fois, au cours de la vie, n’avons-nous pas vu se vérifier les leçons qu’enferment leurs symboles charmans et légers ? Nous en aimons tout ensemble la sagesse et la fantaisie ; et, puisqu’ils sont toute poésie, il nous plaît qu’on y parle en vers. Des vers faciles, ingénieux, d’une langue souple et ductile, que ces vers soient de Banville ou de Rostand, c’est, au théâtre, la passion de tout public français : nous raffolons de ces jeux du rythme et de la rime qu’une longue tradition nous a rendus familiers.

Un décor de Belle au Bois dormant : château délabré, parc jadis dessiné par Le Nôtre, et dont les fleurs, dans une orgie de couleurs et de parfums, ont envahi toutes les allées, recouvert toutes les avenues, escaladé toutes les plates-bandes : sur ces vieux murs croulans courent des guirlandes de jeunes roses. La fée Diamant se rencontre avec la fée Cyprine dans ce lieu fait à souhait pour des conversations de fées qui ont à s’entretenir de leurs filleule et filleul. Ces jeunes gens ont toutes les qualités, sauf une, comme c’est l’usage pour les filleuls des fées, à qui toujours quelque mégère, qu’on avait négligé d’inviter au