Page:Revue des Deux Mondes - 1913 - tome 15.djvu/334

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LA VILLE ET LA COUR[1]
SOUS LE RÈGNE DE LOUIS-PHILIPPE
EXTRAITS DU JOURNAL
DU COMTE RODOLPHE APPONY

II[2]
ANNÉE 1832


2 février. — Voilà encore un grand bal à la Cour passé heureusement ; nous dansons toujours sur un volcan ; cette fois-ci, on a découvert une conspiration à 10 heures du soir ; quelques minutes plus tard, il n’était plus temps. Douze personnes devaient être poignardées : le Roi, le Duc d’Orléans, Casimir Perier, Sébastiani et les autres ministres, Soult excepté.

La famille royale et ses entourages avaient l’air bien tristes. Le Duc d’Orléans m’avoua lui-même qu’il se sentait si fatigué qu’il n’attendrait pas la fin du bal. Il a fort peu dansé, s’est assis bien souvent à côté de la Reine, ce qui n’est pas son habitude et a témoigné d’une préoccupation extrême.

Déjà, dans la matinée d’hier, le bruit s’était répandu qu’on avait l’intention d’attaquer les Tuileries pendant le bal pour assassiner le Roi et sa famille, que la conspiration avait été découverte et que le Roi, pour sa défense, avait fait entrer

  1. Copyright by Ernest Daudet.
  2. Voyez la Revue des 1er et 15 octobre 1912 et du 1er mai 1913.