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LE MOZAMBIQUE

Avant que Madagascar fût acquis par la France, c’étaient des Français qui tenaient le premier rang à la suite des Portugais au Mozambique. Depuis la conquête de la Grande Ile, ce vaste et riche pays qui s’étend juste en face et sur toute la longueur de notre colonie, qui en forme en quelque sorte l’hinterland continental, a été presque complètement abandonné à l’influence des Anglais et des Allemands. Rien de plus frappant ne pouvait provoquer l’attention de ceux que préoccupent particulièrement nos intérêts dans l’océan Indien : nous désirions savoir les raisons de l’ancienne prédominance de nos compatriotes et de leur décadence, étudier le présent en considération de l’avenir, et connaître sur le terrain de leur activité coloniale nos frères latins les Portugais, tout en admirant le pays.


Ce n’est déjà plus par des bateaux français, mais par des steamers anglais, allemands, voire portugais, qu’on y aborde. Du Nord au Sud du canal de Mozambique, on ne peut entrer dans les fleuves, les baies ou les ports qu’aux heures de marée haute, après une navigation lente et compliquée. Hérissée d’innombrables épaves de voiliers et de cargos, cette côte plate est inhospitalière autant qu’insalubre. De là la rareté et la médiocrité des villes qui s’échelonnent de la Rovouma au Maputo, fixées et isolées sur les quelques points de communication avec l’intérieur où l’atterrissage est le plus facile, le climat le moins meurtrier : Ibo, Mozambique, Quilimane, Beira, Sofala, Inhambane, Lourenço-Marquès.