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REVUE MUSICALE


Concerts du Conservatoire : le Faust de Schumann. — Théâtre de la Gaité-Lyrique : Carmosine, comédie musicale en quatre actes, d’après Boccace et Alfred de Musset ; paroles de MM. Henri Cain et Louis Payen, musique de M. Henry Février.


La critique musicale réserve de temps en temps à ses fidèles quelque bonne fortune. Dans l’ordre même de la poésie, elle comporte, elle commande des rappels ou des retours heureux. C’est ainsi qu’à propos d’une Carmosine lyrique et de l’exécution intégrale, au Conservatoire, du Faust de Schumann, il nous a été donné de relire le poème de Goethe, voire le Paradis de Dante et la comédie de Musset. Mais tandis que celle-ci n’a fourni qu’un sujet et qu’un nom à MM. Henri Cain, Louis Payen et Henry Février, Schumann a mis jadis en musique le texte littéral de Goethe. On sait, de son propre aveu, qu’il ne s’y décida pas sans appréhension. L’événement le rassura bientôt. Après une première exécution, partielle, et devant des auditeurs choisis, il écrivait (juillet 1848) : « Je me réjouis beaucoup de diriger cette musique à Leipzig en présence de mes amis, et, avec l’aide de Dieu, j’espère le faire au commencement de l’hiver. Ce qui m’a surtout ravi, ce fut d’entendre dire de tous côtés que la musique faisait encore mieux comprendre la poésie, alors que je craignais justement qu’on m’adressât le reproche contraire : « Pourquoi ajouter de la musique à une œuvre aussi complète ? » D’un autre côté, depuis que je connais cette scène, j’ai la sensation que très certainement la musique lui donnera une plus grande puissance. » Il ne parlait encore que de la scène, ou des scènes, qui se passent dans le ciel. Mais pour les autres également il avait raison, d’avance. La musique a rarement couru, — si même elle le courut jamais, — le risque d’une alliance aussi étroite, ou plutôt d’un