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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




Le 3 février, à la fin de la journée, le canon a retenti dans la péninsule des Balkans. Depuis quelques jours, on s’y attendait : à partir du moment où les Jeunes-Turcs étaient revenus au pouvoir en passant sur le cadavre de Nazim pacha, la guerre était devenue inévitable. Rien n’a pu empêcher les alliés de déclarer rompues les négociations de Londres, et cette rupture devait avoir pour conséquence logique la dénonciation de l’armistice. Elle a été immédiate en effet et, au bout du délai de quelques vingt- quatre heures qui avait été prévu, les hostilités ont recommencé. On a remarqué cependant que si les négociateurs de Londres étaient partis, quelques-uns, de moindre importance que les chefs de délégations, étaient restés pour attendre les événemens. Lorsque le moment reviendra, et nous souhaitons qu’il revienne bientôt, de reprendre la conversation brusquement interrompue, il sera facile de le faire. Mais, pour le moment, la parole est à la poudre et le bruit qu’elle fait couvre les autres.

Ce bruit toutefois, quelque strident qu’il soit, ne résonne pas tout à fait comme dans la première partie des opérations. La guerre a changé de caractère ; il ne faut probablement pas s’attendre aux grandes opérations et aux grandes batailles d’il y a quatre mois. Les alliés ont conquis, à peu de chose près, tout le territoire qu’ils ont l’espoir de conserver : seules quelques villes résistent encore, et c’est cette résistance qu’il s’agit de vaincre aujourd’hui. Aussi les Bulgares ont-ils tourné presque tout leur effort du côté d’Andrinople. Ils n’ont rien tenté de sérieux à Tchataldja, dont les lignes sont peut-être imprenables : en tout cas, ils ne pourraient les prendre qu’au prix des plus lourds sacrifices. Dans ces conditions, Tchataldja devient plutôt pour eux un avantage qu’il n’est un inconvénient, puisqu’il