Page:Revue des Deux Mondes - 1913 - tome 13.djvu/800

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sa sévérité, à l’œuvre de nos pères au Canada. Peu s’en est fallu qu’ils n’aient pleinement « réussi » l’entreprise fondée par Henri IV, Richelieu et Champlain.

Quels sont, en effet, les principaux élémens du succès dans un essai de colonisation ?

La découverte et l’exploration des lieux ;

L’autorité prise, soit par la force, soit mieux par la douceur, sur les populations indigènes ;

Le peuplement par les colons originaires de la mère patrie ;

Une exploitation économique fructueuse ;

Une bonne organisation de la défense contre les ennemis et les envahisseurs ;

La sympathie efficace de la mère patrie s’affirmant par les sacrifices indispensables et l’esprit de suite dans les relations avec la colonie.

Voyons ce qui s’est fait, au Canada, à ces différens points de vue. Nous aurons, ainsi, une connaissance exacte de l’effort produit et des résultats obtenus.


La découverte et l’exploration des territoires fut l’œuvre des meilleurs parmi les pionniers des origines. C’est ici que les Français excellent. Se jeter à l’aventure dans la brousse ou dans la forêt, allonger indéfiniment le ruban des itinéraires, inscrire de nouveaux noms sur les portulans et sur les cartes, s’exposer et se sacrifier au besoin dans des entreprises téméraires, voilà ce qui excite et fouette le sang de la race. Un double idéal attirait, vers l’inconnu nord-américain, les explorateurs et les missionnaires : les uns cherchaient cette fameuse voie vers l’Asie par les mers ou les terres septentrionales, qui ne fut découverte que de nos jours par Roald Amundsen, les autres se donnaient pour tâche de gagner des fidèles à la religion du Christ. Aussi, l’exploration des rivages et des territoires fut conduite, comme celle des âmes, avec une maestria incomparable.

Les noms de Verazzano, de Jacques Cartier, de Roberval, de Gourgues, de Dupont-Gravé, de Poutrincourt, sans parler de Champlain, sont joints à l’histoire de la découverte de la côte, depuis Terre-Neuve et l’Acadie jusqu’aux Lacs. C’est la première étape. La deuxième est marquée par les noms de Cavelier de La Salle, le Père Marquette, Jolliet, inséparables de l’exploration des grands fleuves, l’Illinois, le Wisconsin et surtout le